Lettre d’un proche maladroit

J’ai écrit ce texte, publié ce matin sur à nos étoiles, il y’a quelques semaines, en essayant de me glisser dans la peau du proche absent. Celui qui voudrait aider, mais ne sait pas trop comment. Celui où celle que nous avons plus ou moins tous-tes été avant d’être concerné(e)s à notre tour.
Alors si vous faites partie de ces proches qui ne savent pas quoi dire, ni comment, inspirez-vous, ou partagez. Reprenez des bribes, des morceaux. Mais reprenez contact, c’est vraiment le plus important.

 

 

« J’ai longtemps hésité avant de t’écrire cette lettre, j’avais peur de ne pas avoir les mots. Peur d’être intrusif(ve), peur de réveiller ta douleur, peur de ne pas être légitime à essayer de te consoler.

Je sais bien que ces mots ne sont pas, ne peuvent pas être une excuse à mon silence de ces derniers jours, semaines ou mois.

Tu vois, j’ai bien conscience de ton chagrin, même si je fais parfois mine de l’ignorer. J’ai surtout conscience que ce que je vois, ce que je perçois de ton deuil, n’est qu’une minuscule goutte d’eau dans l’étendue de ce que tu traverses. Que la politesse du quotidien, les sourires des réseaux sociaux ne sont que des masques, des bouées auxquelles tu t’accroches pour ne pas définitivement sombrer. Alors je joue le jeu, et je me tais.

J’essaie parfois d’imaginer ce que tu peux ressentir, de me mettre à ta place l’espace de quelques instants, mais je ne fais qu’effleurer la réalité de ce que tu traverses. J’imagine cette douleur, cette rage qui doit traverser chacun de tes nerfs, le vide abyssal laissé par la disparition de ton bébé ou de ton enfant, et je frémis de ne pas savoir comment te soulager. Comment te réconforter alors que les mots semblent ne plus avoir leur place?

 

J’imagine cette douleur, cette rage qui doit traverser chacun de tes nerfs, le vide abyssal laissé par la disparition de ton bébé ou de ton enfant, et je frémis de ne pas savoir comment te soulager. Comment te réconforter alors que les mots semblent ne plus avoir leur place?

 

S’il existait une phrase, une formule pour te soulager de ta peine, pour te prendre une partie de ta douleur, sache que je la prononcerai sans une seconde d’hésitation. Malheureusement les mots seuls ne pourront jamais effacer ce que tu traverses, et je me sens souvent terriblement démuni(e).

Mais je fais le pari aujourd’hui d’essayer d’être là pour toi. Cette lettre n’est pas une excuse, encore moins une recherche de pardon.

Je suis désolé(e) si mon silence a pu te blesser, si j’ai parfois pu me réfugier dans des phrases prêtes à l’emploi, qui n’avaient, au final, que trop peu de sens et d’humanité. Je sais bien que cette lettre arrivera peut-être à un moment où tu te sentiras en décalage, absorbé(e) par ton chagrin, éloigné(e) de tout et des autres. Je ne me vexerai pas si tu ne me réponds pas immédiatement.

Prends tout le temps dont tu as besoin pour revenir vers moi, tout comme j’ai parfois manqué de célérité à prendre de tes nouvelles. Mais sache que je serai toujours là pour toi. Si tu as besoin de pleurer, ou de rire à la terrasse d’un café. Si tu as besoin de parler, ou de ne pas en parler du tout. Cette lettre, c’est aussi un appel à l’aide de ma part: aide-moi à t’aider, à trouver les mots justes ou le bon positionnement. Dis moi ce dont tu penses avoir besoin. Pour que nous puissions faire un bout du chemin ensemble. Pour que tu ne te sentes plus jamais seul(e).

Cet article a 2 commentaires

  1. Virg

    Merci, même si j’espère ne jamais en avoir besoin.

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