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Notre semaine en club vacances

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Il faut que je vous avoue un truc: je n’étais, jusqu’à cet été, encore jamais allée en club de vacances.

Ja-mais.

En bonne petite parisienne élevée dans les années 80, je n’avais comme référence concernant ces clubs que quelques scènes devenues cultes des Bronzés. Autant vous dire que, lorsque mes copains et me collègues m’incitaient à réserver au club du coin pour mes prochaines vacances avec Kate et Jean-Mi, je leur ricanais gentiment au nez, la touillette à moitié noyée dans mon gobelet de cappuccino trop sucré, avec l’air supérieur de la fille qui SAIT, elle, qu’elle n’y mettra JAMAIS les pieds.

Et puis Kate a grandi, ses envies de sociabilisation aussi, et il a bien fallu se rendre à l’évidence: notre fille adorée risquait grandement de se faire chier comme un rat mort dans son égout, coincée avec papa et maman dans un gite perdu dans le Perche.

Alors on a cédé. Et on a booké notre première semaine dans un célébrissime centre de vacances.

Récit.

Club vacances, jour 1.

Dans les alentours de 22h00.

A peine arrivés à 19h que j’ai déjà envie de fuir devant la foule et les gentils animateurs habillés en fluo qui sourient comme s’ils étaient sous ecstasy. Kate, sans doute chamboulée par le long trajet en voiture, a été tellement imbuvable pendant le dîner qu’on a même pas eu le temps de finir de manger. Cerise sur le gâteau, notre chambre est située en face d’un bar, où un chanteur tente de massacrer les derniers restes de Message in the bottle comme il le peut. Kate est au lit et refuse de dormir, et nous, on savoure notre première soirée de la loose en pianotant sur nos smartphones dans le noir. Ah, et on a faim, aussi.

 

Club vacances, 2ème jour.

On a découvert grâce à une gentille vacancière que les jolis bracelets colorés (obligatoires) refilés par les animateurs (ils sont sous coke, c’est pas possible autrement) signifiaient que nous ne sommes jamais venus de notre vie. Nos poignets hurlent donc à la cantonade « ON EST NOUVEAUX WOUHOUUU » alors que j’essayais désespérément de rester un tant soi peu discrète. Raté. J’envisage de chourer un bracelet gris (=les habitués) à un voisin bourré, ce qui risque d’être compliqué parce que, si les cocktails sont gratos, ils ne sont que très peu alcoolisés. Bref, c’est blindé de monde, mais t’es pas assez bourré pour y échapper. Evil, je vous dis.

Il semblerait également qu’il y’ait un « dress code » à respecter tous les soirs. Avec des appellations très floues, du style « capuccino » (ça sonnait mieux que « beige », j’imagine) (et pourquoi pas chocolat viennois, pendant qu’on y est?). Pas sure d’avoir prévu le nécessaire, mais soyons-bien clairs: le dress code, ce n’est pas pour nous.

Sinon, je découvre que des animations et des spectacles sont organisés tous les soirs – foutu pour foutu, on a décidé d’aller voir ce que ça donnait, notre Kate surexcitée nous tirant par le bras (« vieeeeens mamaaaaaannnn! »).  Je me suis surprise à rire à un sketch, pour finir par acheter 3 t-shirt estampillés du logo du club pour toute la famille, histoire de ne pas finir à la ramasse. Je crois qu’ils mettent des trucs dans leurs boissons gratuites, mon cynisme légendaire de parisienne pur jus commence à se fissurer. Très peur de me retrouver à faire la chenille en chantant du Patrick Sebastien d’ici vendredi, mais Jean-Mi veille au grain.

 

Club Vacances, 3ème jour.

On a réussi à mettre Kate au club des « petits » ce matin mais, flairant l’arnaque, la demoiselle s’est incrustée à notre déjeuner et a ensuite poliment décliné toute tentative de retourner voir ses pairs. Nos plans diaboliques incluant mojitos au bord de la piscine (moi) et parties de golf de 5h (Jean-Mi) se sont lamentablement anéantis devant son petit air bougon et têtu.

En même temps, c’était son anniversaire, donc on a pas osé moufter. Je crois que tout le club l’a compris, vu que la demoiselle a passé la journée a répéter au moindre inconnu qui daignait croiser son chemin « AUJOURD’HUI J’AI 4 ANS ». A moins que ce ne soit l’assemblée des animateurs au grand complet en train de chanter Joyeux anniversaire en pleine salle du restaurant qui ne nous ait définitivement grillés. Allez savoir.

Sinon on s’acclimate plutôt bien. On a vu ce soir au spectacle du club un drôle de remake de Mary Poppins sous acide (avec des animateurs déguisés en pingouins qui dansent et tout et tout) et ma parole, on a kiffé. Je dis « on », parce que je sens bien que Jean-Mi est en train de sombrer petit à petit. On a pas encore sorti nos t-shirts de leur emballage, donc tout n’est pas perdu.

Sinon, va falloir qu’on parle des animateurs. Enfin surtout du responsable de village.
Le mec est partout. P.A.R.T.O.U.T. En train de répondre aux questions le matin au petit-dej, de faire l’accueil à la cantine le midi, de gérer l’animation au micro pendant le gouter, et on l’a même vu gérer une alerte incendie dans l’hôtel 20 minutes avant de monter sur scène. Ah oui, parce qu’il danse sur scène tous les soirs dans un spectacle différent, et t’as même pas le temps de sortir de la salle qu’il est dehors à saluer les spectateurs histoire de vérifier que t’as passé un bon moment jusqu’à la dernière seconde. J’ai presque envie de lui envoyer un message codé en secret. « SI ON TE FORCE A FAIRE TOUT CA, CLIGNE BIEN FORT DES YEUX PENDANT LE SPECTACLE DE DEMAIN, ON ENVOIE LES RENFORTS « . Je pense que le deuil périnatal c’était pas le bon combat: « SOS animateurs en détresse », c’est peut-être ça, le « me too » de demain.

 

Club vacances , 4ème jour.

Dans l’objectif de survivre à la soirée dansante « revival 70’s » annoncée le soir même (2 heures de Village people saupoudrées de Dancing Queen, ça se prépare) (tout est dans le mental), j’ai décidé, dans un moment de bravoure inouïe, de démarrer cette 4ème matinée mon livre sous le bras, en solo sur la pelouse de l’hôtel.

Las.

La solitude est au club vacances ce qu’un militant altermondialiste est au G7: pas vraiment la bienvenue.

Me voilà donc armée de mon pavé de 500 pages et de lunettes de soleil, bien à l’écart de la foule et des mamans survitaminées (le citron des mojitos, sans aucun doute), espérant que le message sera compris de tous (= No pasaran).

Si la stratégie a certes bien fonctionné, elle s’est avérée parfaitement inutile: Kate était bel et bien totalement enchantée à l’idée de se déhancher sur une piste de danse noire de monde et surchauffée (cette petite n’est pas ma fille), la soirée disco est cependant totalement tombée à l’eau quand l’animatrice des petits a battu le rappel pour une soirée ciné Reine des Neiges.

Je me suis donc retrouvée assise dans une salle de cinéma plongée dans l’obscurité, à pianoter frénétiquement au doux son stereo multisound de Libérée Délivrée, aux côtés d’une Kate totalement déchaînée.

Amis parents, méditez bien sur cette leçon: derrière une soirée disco au potentiel loose fortement élevé se cache peut-être une 1287ème rediffusion de la Reine des Neiges. Mais sur grand écran.

L’équivalent moderne de la peste ou du choléra, j’imagine.

 

Club vacances, 5ème jour.

Je viens de faire ma plus grande découverte ce matin.

Le club a un SPA. Les tarifs pratiqués sont tout bonnement hallucinants, mais devant l’insistance plutôt étrange de Jean-Mi à m’y envoyer (« prends le forfait relaxation intégrale ma chérie »), j’ai cédé. Le mariage est le théâtre des compromis, vous savez.

Me voici donc partie pour un massage « relaxation », plutôt sceptique, je l’avoue. Moi et la détente, ça fait 2, d’ordinaire. Et puis je me suis endormie. Sur la table de massage.
J’ai donc logiquement prévu d’y passer l’intégralité des 3 jours restants.

Sinon je découvre à ma grande stupeur que des familles entières viennent ici passer une semaine complète de vacances, tous réunis dans le même club surpeuplé. Je les vois de loin, ces trentenaires dynamiques coincés du matin au soir avec leurs propres parents, leurs enfants en bas âge et la smala de cousins, à slalomer entre des nuées de gamins déchaînés pour tenter de siroter des mojitos gratuits sans rhum (ou si peu), entre deux animations gentiment foireuses commises par des animateurs quelque peu fatigués (« Attention mesdames et messieurs nous vous présentons le Juste Priiiix de foliiiiiiie »).
Ma définition somme toute très personnelle de l’enfer sur terre. Ou presque.

Ps: pas vu le responsable de village aujourd’hui et le bar à cocktail habituel était fermé. Jean-Mi pense que c’est son jour de congé- je penche plutôt pour un bon vieux burn out des familles. Ma théorie, c’est qu’ils le retrouveront à la fin de la saison planqué derrière le zink en position foetale.

 

Club vacances, 6ème jour

Grosse frayeur aujourd’hui en voyant un car entier rempli de touristes chinois passer devant le club (s’arrêtera ? S’arrêtera pas?). L’idée de devoir frayer au bar à mojitos entre deux familles nombreuses et une grappe de 50 touristes soudés dans leur incompréhension totale de la langue française m’ayant provoqué quelques palpitations. Dieu merci, le car a fini gentiment sa route aux thermes d’à côté. Vous reprendrez bien un petit mojito pour fêter ça?

Sinon Kate nous a gaiement traînés ce soir au spectacle organisé par les enfants du club des petits. Rappelons que la demoiselle n’a daigné poser ses augustes petits petons au susdit club que 4 toutes petites heures en début de semaine, et, qu’à ce titre, elle n’a donc PAS pu participer au spectacle.

Vous avez déjà assisté à un spectacle d’enfants dans lequel votre gamin à vous ne figure pas? Non? Vous voyez le délire? Si l’amour rend aveugle, l’amour parental, lui, rend à moitié sourd (à moins que ce ne soient les enceintes de la salle qui n’aient achevées mes tympans au bout de la 5ème soirée consécutive à enchaîner tout ce que la musique compte de plus dansant en ce moment) (par dansant, comprenez « mauvais »).

Je sens mon snobisme parisien résister, résister, me voilà rassurée malgré tout. Je dis ça, parce qu’avec Jean-Mi on commence à respecter le dress code (« t’as pris un truc à fleurs pour la soirée de jeudi? »), signe plus qu’inquiétant d’une aliénation mentale en cours de progrès.

Plus que 2 jours, mes amis. Plus que 2 jours.

 

Club vacances, 7ème et dernier jour

Kate nous a traînés hier soir au spectacle organisé pour les enfants du mini club (on a graissé la patte à la nana déguisée en fée qui jouait la physio à l’entrée). Et, alors que les dernières notes retentissaient et qu’un animateur déguisé en pirate achevait de mettre l’ambiance parmi la foule des 3-5 ans en délire, le responsable animation des petits monte sur scène et lance à la cantonnade « QUI REVIENT DEMAIN AU MINI CLUB POUR UNE NOUVELLE JOURNÉE DE FUUUUUN? ».
Devinez qui s’est alors levée la main tournée vers le ciel en criant « MOIIIIII »?

Jean-Mi et moi, on le vit pas très bien.

Nous partons donc présentement pour affronter gaiement la rentrée, me voici à débriefer avec Kate dans la voiture.
« Dis moi Kate, qu’est-ce que tu as aimé ici? »
« Rien du tout! »
« Même pas le poney? »
« Hum si! »
« Et les spectacles, les copains, les jus de fruits tout le temps, la remise des médailles hier soir pour le poney club, les frites et les glaces à tous les repas? »
« SIIIIII! Mais sinon rien du tout ».

Je vous laisse méditer sur ces paroles qui résument à elles-seules notre semaine sur place.

J’avoue que les animateurs toujours souriants risquent néanmoins de me manquer dans la grisaille du métro parisien, j’ai comme l’impression de quitter le pays des Bisounours pour rejoindre le Mordor. Il est donc grand temps de retrouver mes compatriotes désabusés et grincheux, dans une ville où dire « bonjour » avec le sourire est considéré de façon extrêmement louche. Il était temps: je commençais à apprécier les mojitos sans alcool et à répondre gentiment aux animateurs.

 

(Je précise à toute fin utile qu’un animateur n’a été maltraité pendant ces vacances. Pire: on a tellement aimé qu’on envisage d’y retourner. Au moins, cette fois-ci, on aura déjà nos t-shirts assortis dans la valise).

Cet article a 5 commentaires

  1. Virg

    Excellent ! Merci pour le fou rire pré weekend 🙂

  2. Cricri2j

    Team club de vacances ici! Et alors je prend bien celui avec la grande piscine et plein de toboggans et on part 2 ou 3 semaines 🙂
    Allez plus que 11 mois et on y retourne ouf!

  3. Caroline

    Un expérience un peu différente : mes parents ont acheté une maison de vacances touuut près d’un camping. Si pres qu’on entend les soirées (karaoke ou autre) comme si on y était . Du coup, on s’y est incrusté quelques fois. Pour se moquer gentiment. Pour rigoler. Pour faire un remake de Camping. Et le pire… c’est qu’on se prend au jeu !!! Pas de doute, ces animateurs sont doués 😀

  4. Viviane

    Vous êtes mûrs pour une semaine à Center Park

    1. Urbanie

      Hahahahaha, merci de m’avoir fait rire ce matin! <3

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