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L’invitation

Ca commence avec beaucoup de bonnes intentions, une bonne dose d’inexpérience, et pas mal de naïveté.

Cette année, j’ai proposé à Kate de faire son anniversaire avec ses petits copains de classe (on en reparlera, à l’occasion). Je sais ce que vous vous dites: OMG, la gamine est repartie sur un thème complètement chelou, on va bien s’amuser la pauvre Urbanie va encore en chier (remember: l’année dernière déjà, j’avais fais les frais d’une fête Reine des Neiges dans la savane).

Que nenni.

Parce que le thème, c’est sympa, ça donne une cohérence visuelle à l’ensemble (ou pas, dans notre cas), et si j’ai longtemps pensé qu’il s’agissait de l’épreuve ultime (« c’est bon les gars, j’ai trouvé un masque de tigre bleu à paillettes »), je me fourrais le doigt dans l’oeil.

 

La liste

Première difficulté: obtenir une liste de noms. Une liste cohérente de noms. Une liste qui ne change pas tous les 4 matins, les amitiés d’un enfant de 4 ans étant aussi vacillante qu’un ciel de mois d’avril (ou de juin, tiens).

« On invite qui ma chérie? Emma? Ah, c’est pas ta copine? Mais tu joues pas au parc avec elle tous les soirs? Et Amélie? Non plus? Mais c’est qui tes copains alors? Martin? Qui ça? (aucun souvenir d’un Martin dans sa classe) ».

Je me retrouve ainsi avec une tripotée de prénoms dont je n’ai jamais entendu parler auparavant. Disputes dans la cour de récré ou simple ignorance de ma part? J’ai l’impression de découvrir que la vie sociale de ma fille n’est pas du tout celle que j’imaginais.

Je réussi néanmoins, au bout de plusieurs jours, photo de classe sous les yeux (*astuce*) pour n’oublier personne, à sélectionner une liste d’invités dûment validée par Kate. Et oui: il y’a bien un petit Martin dans cette foutue classe. Désolée, Martin. Ca n’avait rien de personnel.

 

Les cartons d’invitation

Etape suivante: préparer lesdites invitations, achetées en express au retour du boulot (béni soit le 15ème arrondissement pour la prolifération de magasins de jouets au mètre carré). Kate me pioche des invitations princesses (« T’es sure que tu veux pas les invitations safari histoire de faire des économies sur la déco? »), et, sur le moment, je me méfie pas. Les princesses, c’est easy comme thème. Du rose, des paillettes, 3 ballons qui nous restent de son baptême. Fastoche!

On rentre, je remplis les cartons à la main avec mon numéro pour le RSVP, de ma plus belle écriture (qui est moche). Y’a plus qu’à.

Pour bien faire les choses, et être sure de choper tous les gamins, je décide également que nous serons à l’école super tôt. Genre à l’aube (8h25, quoi) (#teamàlabourre).

 

Le jour J

Me voila donc, un beau matin de juin, en train de poireauter avec Kate devant l’entrée de la classe, les invitations en main. A attendre que les futur(e)s invité(e)s arrivent un par un.

Niveau discrétion, on est à -12: Kate hurle quand elle aperçoit un copain, les gamins se retournent sur notre passage, les parents des autres enfants (ceux qui ne sont pas invités) me jettent des regards mi-interrogateurs, mi-vexés à la vue des invitations (jaunes fluo, histoire de bien faire les choses). Et moi, j’ai tout simplement envie de plonger dans un trou de souris tellement je n’assume pas d’être à ce point le centre de l’attention et des frustrations parentales de tout niveau.

Notez que j’ai également été cette maman vexée de ne pas voir sa fille adorée snobée lors des derniers anniversaires de la classe.

Maintenant, je sais (et je garde toujours en tête cette histoire qu’un couple d’amis m’avait racontée il y’a quelques mois, avec un reste d’étincelle de panique dans le regard: ils n’avaient pas osé dire non à leur fille, super populaire, et s’étaient retrouvés avec 14 enfants de 4 ans dans leur appartement parisiens. Les gamins avaient retournés l’appart, les parents des mini-invités étaient plus ou moins arrivés à la bourre pour revenir les chercher (pas cons), et mes amis avaient fini la soirée en PLS sur le canapé -défoncé- du salon).

On file les cartons: premières sueurs froides: les autres parents semblent ne pas du tout reconnaitre Kate. L’un d »eux vient carrément me demander « mais, euh, c’est qui? ». Je découvre que ma Kate adorée est le « Martin » d’autres parents. Je flippe aussi qu’elle n’ait invitée n’importe qui, et que les enfants refusent de venir.

Je reste jusqu’à la fin, je refile Kate à la maitresse, à qui je montre les derniers cartons qu’il me reste en main. « Ah, mais Kate ne vous a pas dit? Martin a déménagé hier. A Bordeaux. On a fait un gouter d’ailleurs pour fêter son départ ».

Invités: -1.

 

J+1

« Kate, vient ma chérie, on va commander ton gâteau ».

J’affiche une sélection de pâtisseries devant Kate, de jolis gâteaux au chocolat, en forme d’animaux. Des trucs simples, mignons. Qui seront mangés.

Kate me parle de son gâteau Reine des Neiges de l’année dernière. J’ai encore des sueurs froides à ce souvenir: Kate et ses copains, fascinés par la pâte d’amande décorée, en train de gratter de leurs petits ongles sales l’intérieur du gâteau, des fois que la Reine des Neiges soit partie faire de la spéléo dans la crème fouettée.

Je négocie, je remontre les fondants au chocolat, tout simples, tout mignons. Kate me désigne un gâteau: « CELUI LA ».

Un fondant au chocolat oui. En forme de camion de pompiers.

Je réfléchis: c’est quoi, le plus simple, en vrai? Princesses et pompiers, ou céder à ses envies de Reine des Neiges?

Le lendemain matin, première heure, j’appelle la boutique: « Bonjour, ce serait pour un gâteau Reine des Neiges ».

Kate: 1 / Maman: 0

 

J+3

Les parents me font désormais de grands sourires en déposant leurs enfants à l’école, je repense à la liste de Kate. Je me demande si on est pas en train de vexer l’intégralité de la classe, si on a pas oublié des copines « importantes ». Je prends sur moi d’inviter une de ses copines, oubliée de la liste. La maman est ravie, et nous renvoie l’invitation pour l’anniversaire de sa fille, une semaine plus tard. OUF.

 

J+5

Arthur ne veut pas venir, Lucie ne sera pas la, Martin a déménagé.

Je fais une calcul rapide: pour le moment, ils sont 3.

C’est bien, 3, non?

J’invite les petits voisins.

 

J+7

L’anniversaire est dans deux semaines. On va recycler la déco du baptême, je n’ai aucune idée précise de qui sera la (ou non), et, dans le fond, je me demande si je ne stresse pas un peu pour rien.

Est-ce qu’il faut prévoir des animations? Les laisser dépiauter la chambre de Kate en freestyle? Vont-ils s’ennuyer? Le gâteau Reine des Neiges sera t-il de nouveau victime d’une tentative d’intrusion par le fond?

 

Un vrai suspense auquel je vous répondrai très prochainement.

Plus que deux semaines.

Cet article a 2 commentaires

  1. Elo

    Merci pour cet article ! J’ai beaucoup ri! C’est tout à fait ça ! Moi j’ai beaucoup insisté pour qu’elle invite une petite fille de sa classe car elle était à la crèche avec elle et que je connais bien sa maman. Elle n’a pas voulu. J’ai donc dû tout faire pour donner les invitations en douce pour ne pas les vexer… Et finalement, plusieurs mois après son anniversaire, ma fille veut que cette petite fille vienne jouer chez nous… J’ai arrêté d’essayer de comprendre. Trop compliqué ! lol

  2. J’ai beaucoup ri.
    Je t’avoue que ça me fait un peu peur de devoir organiser des anniversaires pour E.
    … Heureusement, jusqu’à ajd, il n’y a pas eu d’anniversaire dans sa classe. Ouf 🙂
    Vite la suite!

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