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Ma FIV à l’étranger: on va commencer par un petit coup de gueule

Je pense que j’aurais pu appeler cet article « comment le don d’ovocytes à l’étranger est une vaste hypocrisie made in France qui nous fait perdre un temps dingue », mais je me suis dit qu’on allait rester dans de bonnes vibes pour ce premier article.

Nous sommes donc partis quelques jours à Barcelone et, si les photos d’orangers et de mer bleue ne vous auront pas échappé sur mon petit Instagram, vous vous doutez bien que le premier motif de notre escapade n’était pas exactement le tourisme.

J’ai donc pris RDV par téléphone avec une clinique espagnole réputée par un beau jour de février, planquée dans un bureau désert, dans un open space tout aussi désert, histoire de garder un minimum d’intimité. On en parle pas assez, mais les protocoles de PMA sont légèrement intrusifs, et conserver son aura de mystère au bureau n’est pas toujours chose aisée.

La première difficulté a justement été de choisir la clinique: l’offre en matière de PMA hors de nos frontières est conséquente, et faire son choix est compliqué quand on y connait strictement rien. J’ai donc demandé conseil directement aux médecins du Centre Pluridisciplinaire de Diagnostic Pré Natal qui nous suivent à Paris. Si la loi leur interdit de renvoyer leurs patients vers l’étranger, ne soyons pas hypocrites: ils connaissent forcément des noms de cliniques fiables et réputées pouvant accueillir les couples en bout de course dans le système de PMA français. J’avais donc décidé de poser la question de façon frontale à mes médecins, et, le nom d’une clinique revenant régulièrement dans les conversations, nous avons donc fait le choix de nous y rendre pour un premier RDV.

J’ai ainsi pris mon courage à deux mains (et une lampée de Gewurtzraminer) par une douce soirée printanière de février (on parlera du dérèglement climatique une prochaine fois), et j’avais laissé mes coordonnées sur le site de la clinique sélectionnée en précisant ma nationalité: une secrétaire francophone m’a rappelée gratuitement dés le lendemain pour fixer un premier rdv. Si nous n’avons pas eu le choix de la date, j’ai tout de même pu sélectionner la ville la plus « pratique » d’accès pour nous. Notre choix s’est porté sur Barcelone (j’ai immédiatement pensé à Gaudi) (foutu pour foutu, autant visiter la Sagrada Familia), mais nous aurions tout aussi bien pu choisir Madrid, la clinique étant implantée dans plusieurs grandes villes de la péninsule ibérique. Prochain RDV disponible au moment de l’appel: le 15 mai, soit quelques 3 petits mois d’attente. Première surprise: les cliniques espagnoles sont donc visiblement saturées.

Je confirme: sur place, nous sommes effectivement tombés sur un nombre conséquent de couples français, preuve s’il en est que quelque chose ne tourne pas complètement rond dans notre beau parcours PMA made in France. Je pense que je m’attendais à ne rencontrer sur place que des femmes françaises, les débats actuels sur la révision des lois de bioéthique ne se portant quasiment exclusivement que sur l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et au femmes seules (et je les soutiens, ces femmes): or, nous avons plutôt croisé pas mal de couples hétérosexuels, dans la bonne quarantaine, visiblement présents pour la FIV de la dernière chance. Grande surprise, donc: si j’estime très important que l’ouverture de la PMA soit votée pour les femmes seules et en couple (mais ce n’est que mon point de vue), je ne vous cache pas que je me demande s’il ne faudrait pas également s’intéresser de plus près aux couples atteint d’infertilité inexpliquée, dont on ne parle en réalité que trop peu. Parce que la loi qui encadre la PMA en France est extrêmement restrictive, et si notre beau pays a longtemps été à la pointe du sujet en Europe, aujourd’hui, nous sommes complètement à la ramasse. Je sais ce que vous vous dires: « la meuf, elle se croit dans un mauvais remake de « Bienvenue à Gattaca ». On en reparlera dans un prochain article, mais la vérité, c’est que le sujet est un peu plus complexe que ça.

 

Je pense qu’il faut maintenant que j’aborde avec vous la question (un tantinet agaçante) du suivi entre la France et l’Espagne: le médecin spécialiste PMA qui avait refusé de nous suivre en France nous avait un peu fichu les chocottes en nous expliquant que la clinique espagnole pouvait nous refuser le don d’ovovytes, même après deux IMG. C’était bien évidemment totalement faux, mais j’ai été agacée d’avoir été ainsi « stressée » pour pas grand chose. Ce médecin souhaitait-il nous décourager par idéologie? Etait-il tout simplement ignorant des critères d’admissibilité en Espagne ou ailleurs? Nous ne le saurons jamais, mais j’aurais préféré partir en étant un peu plus zen, s’expatrier pour bénéficier d’un don de gamètes étant déjà suffisamment nerveusement fatigant comme cela.

Côté espagnol, on nous avait simplement demandé de venir en apportant avec nous « tous les examens » réalisés en France, sans nous donner plus de détails que cela. J’avais donc interrogé à la fois le spécialiste PMA (celui dont je vous parlais plus haut) et ma gynécologue habituelle, et aucun n’avait été capable de nous expliquer ce qu’il allait qu’on amène avec nous. Problème: après un parcours chaotique de près de 5 ans en maternité, ce n’est pas de « quelques examens » dont je dispose, mais de classeurs entiers qui occupent une place non négligeable sur l’étagère du salon. Nous avons donc opéré une pré-sélection « au petit bonheur la chance », afin de ne pas payer un surplus de bagage colossal.

Je peux maintenant vous le dire: en plus des « justificatifs » de votre infertilité/ maladie génétique, il vous faudra vous munir:

  • d’une sérologie de moins de 3 mois
  • d’un frottis de moins de deux ans
  • de votre carte de groupe sanguin

Rien de bien compliqué à obtenir, ce sera surtout l’affaire de quelques semaines le temps d’obtenir une ordonnance, de faire le nécessaire, et d’envoyer le tout par mail à la clinique. Mais quand on sait qu’une simple prise de RDV prend 3 mois; que les couples qui doivent s’expatrier pour faire un bébé sont déjà quelque peu usés par des années d’attente; que, pour des couples ayant déjà atteint la quarantaine, chaque semaine compte: devoir se prendre 1 à 2 mois de d’attente en rab dans les dents pour des examens aussi « bêtes » qu’un frottis et une sérologie, c’est pas grave, mais ça fait chier. Et j’aurais aimé que les médecins en France et en Espagne communiquent un peu plus entre eux (et on ne me fera pas croire qu’en France les histoires de sérologie et de frottis ne sont pas nécessaires non plus dans ce type de parcours).

Voilà pour ce premier compte-rendu: je me rends compte que je critique, je critique, mais je pense que j’avais besoin d’évacuer tous les petits « couacs » qui, s’il ne sont pas graves, nous font perdre un temps précieux et me causent pas mal de cheveux blancs. En revanche, je tiens à vous rassurer: une fois sur place, le personnel médical a été à l’écoute, bienveillant, et autant rassurant que possible. Et, pour le moment du moins, nous nous sentons enfin bien pris en charge. Je vous ferai un second récit de ce voyage, bien évidemment, pour que vous puissiez vous faire une idée de ce qui vous attend sur place si vous devez en passer par la également.

On en reparle très vite!

 

 

 

 

Cet article a 14 commentaires

  1. Ségolène

    Je n’y connais rien à la pma en Espagne mais clairement, pour moi la France n’est pas si à la ramasse que pour toi.
    Je suis française mais expatriée en Allemagne depuis 15 ans et donc assurée ici et non en France. En Allemagne, contrairement à la France, la pma n’est pas remboursée à 100% et plein de choses ne sont pas remboursées du tout. On a donc payé une petite fortune pour nos essais. Et le don d’ovocytes est interdit. Les couples vont donc en Espagne ou en République Tchèque. Donc clairement, rien que le fait que les essais sont vraiment remboursésme fait rêver. Parce que devoir arrêter pour une affaire de sous, c’est très frustrant.
    Bon courage pour la suite, je croise les doigts pour toi et ta famille.

    1. Urbanie

      Merci Ségolène!

      Je comprends parfaitement ta frustration concernant l’absence totale de remboursement (on va devoir en passer par la également, même s’il me semble que nous pouvons demander une prise en charge partielle de notre parcours PMA en France, sous réserve d’acceptation par la CPAM). Il faudra que je développe mon point de vue dans un article plus complet, mais disons que, quand ton parcours PMA commence à « sortir des clous » (infertilité inexpliquée, échecs successifs, maladie génétique inconnue – ou non, entre autres), le parcours français ne sait plus suivre. Le programme de don d’ovocytes est certes légal en France, mais dans les faits, il est inexistant en raison du manque de prise en charge des donneuses et de communication auprès du grand public. Les CECOS, qui gèrent les demandes pour les dons de gamètes et de DPI, sont tellement saturés qu’il te faut patienter une moyenne de 18 mois avant d’obtenir une réponse – et cette réponse sera potentiellement « non », il vaut mieux y être préparé (et mieux vaut être encore jeune pour avoir le luxe de perdre un temps précieux). Ce qui explique que tant de couples qui ne seraient pourtant pas « hors la loi » pour être suivis en France soient obligés de s’expatrier. Je développerai dans un prochain billet, parce que le sujet est très vaste, et complexe (en parler, c’est aussi parler des tests génétiques autorisés pendant les FIV, c’est donc un peu polémique. 🙂 ).

      1. Lexie

        Si tu as la chance de regarder l’interview réalisé pr Manoumi sur ses PMA réalisées en Belgique, ou d’en parler avec elle directement, je sais qu’elle évoque dedans la question du remboursement du suivi. Dans mon souvenir, je crois qu’elle évoquait le fait d’avoir un gynéco en France qui refaisait les ordonnances telles que données par le médecin en Belgique. Bon courage et bonne chance pour la suite.

        1. Urbanie

          Ah merci, je ne connais pas mais je vais me renseigner! 🙂

  2. Tu as le droit de critiquer, c’est toi qui le vis. Et si ca te permets d’extérioriser, alors c’est important de poser des mots.
    Je comprends que l’attente soit difficile et je vous souhaite plein de belles choses dans ce parcours. Avec le plus beau des cadeaux au bout <3

  3. Reinou

    Ma pma en Espagne date de 5 ans. Je suis arrivée la la avec un dossier ultra complet. Je n’ai pas eu besoin d’attendre d’avoir d’autres résultats mais n’ayant que 25 ans lorsqu’on m’a diagnostiqué une iop j’ai remué ciel et terre pour trouver une solution à mon problème. J’étais plutôt angoissé par la partie début de traitement et son résultat sur mon utérus avant le transfert.
    J’espère que ce parcours aboutira aussi bien que le mien puisque je suis maman de 4 enfants dont le dernier est arrivé naturellement sans crier gare.

    1. Urbanie

      Merci pour ton commentaire Reinou.

      Du coup, si ce n’est pas indiscret, tu as fait 3 PMA à l’étranger, c’est bien cela?

  4. Anne

    Bon courage et bonne chance.
    J’ai également fait une FIV avec DPI en Espagne et je suis aujourd’hui l’heureuse maman de deux magnifiques enfants en bonne santé. C’est sûr que par rapport à la France où les délais auraient été très longs, tout a été très vite: premier RDV en mai (mon dossier était complet je pense), première FIV en juin! Je pense que cette différence vient surtout du fait qu’en Espagne ce sont des cliniques privées, donc elles ont beaucoup plus de moyens.
    Je te souhaite de tout coeur que tous tes efforts paient.

    1. Urbanie

      Ah, c’est top si vous n’avez pas eu à attendre!
      Merci pour ton gentil commentaire. 🙂

  5. Maeva

    Un reportage sur le don d ovule en Belgique question à la une rtbf vient d être diffusé mai 2019. Ici le don est théoriquement gratuit. Mais certains hôpitaux ou gynécologues privés le défraient pour 2000 euros ce qui augmente le taux de donneuses. J imagine que les patientes françaises sont acceptées on appelle beaucoup de bébés fiv les bébés Thalys ici. Mais il fait moins beau qu en Espagne.

    1. Urbanie

      Oui, les cliniques parlent plutôt d »indemnisation que de rémunération. Le montant dépendant énormément du pays. Après, donner ses ovocytes est un réel investissement (de soi, de son temps), donc je comprends ces questions d’indemnisation – tant qu’elles restent encadrées par la loi, bien évidemment.

  6. Workingmutti

    Tu as tellement raison de souligner qu’on est TRES à la ramasse en France en matière de PMA. Le parcours est d’une telle violence pour les couples, surtout quand on ne leur apporte que peu de solutions (et des niveaux d’expertise qui varient grandement selon les centres PMA). On m’a cataloguée OPK juste en voyant mon poids alors que j’ai une ménopause précoce … Quand on a adapté le protocole ça marchait beaucoup mieux dites donc.

    En tout cas, je vous envoie toutes les ondes positives possibles dans la suite de ce parcours.

    1. Urbanie

      La grossophobie chez le corps médical, c’est quand même un vrai problème, surtout quand ça te fait passer à côté d’un diagnotic. Je suis effarée de lire ton témoignage!
      Mais du coup, tu as pu entamer un protocole même en ménopause précoce?

      Merci pour ton message en tout cas. 🙂

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