« Et je choisis de vivre »

J’ai assisté ce vendredi soir à une avant-première du documentaire « Et je choisis de vivre », organisée par l’association Agapa, et je me suis dit qu’il fallait absolument que je vous parle un peu de ce film (désolée, pour les Avengers, on fera ça une autre fois).

Gaspar, le fils d’Amande et Guillaume, est mort la veille de son premier anniversaire. Amande ne sait plus quoi faire de toute cette douleur et part, accompagnée d’un ami réalisateur (Nans Thomassey) en randonnée initiatique dans les montagnes de la Drôme, rencontrer des hommes et des femmes ayant vécu un deuil similaire au sien. Comment ont-ils fait, eux, pour survivre à l’impensable, à l’indicible? Comment retrouver le gout de vivre après « ça »?

J’avais entendu parler de la sortie à venir du film, mais j’avoue que je n’y avais pas prêté plus d’attention que ça. Oui, je sais: vous vous imaginez sans doute que les blogueurs estampillés « deuil périnatal » sont au taquet à chaque livre ou article qui parle du sujet, mais je me dois de faire mon mea culpa: j’ai au contraire beaucoup de mal à m’y intéresser. Je peux vous pondre des tartines sur le sujet, je plaide coupable, mais je tiens le sujet à distance le reste du temps. Sans doute histoire de garder une soupape de sécurité, de ne pas vivre seulement au travers du deuil – le mien ou celui des autres.

Mais voila que je vois passer un post sur la page Facebook de l’association Agapa, annonçant une avant-première dans mon cinéma de quartier adoré, à 15mn à pieds de chez moi.  J’ai donc booké tranquillou mon billet en ligne à 6 jours de l’avant-première, en me disant « et pourquoi pas? »: idée lumineuse! La salle, ce soir, était archi comble (la séance a démarré avec 20 mn de retard, le temps de caser tout le monde), il y avait une queue immense dans le petit cinéma débordé par cette affluence parfaitement inattendue.

Je vais être franche tout de suite: j’ai chialé pendant tout le film, voila, pas de spoiler entre nous: je n’ai pas tenu plus de 10mn.

Ceci étant dit, ne soyez pas rebutés par ma diarrhée lacrymale (je suis une grande pleureuse): le film est lumineux. Je n’ai pas pleuré parce que j’étais triste (bien que si, forcément, à moins d’avoir l’empathie d’une loutre neurasthénique, on est forcément touché par le récit d’Amande et des familles qu’elle croise sur son chemin). J’ai surtout pleuré parce que je me suis reconnue dans le chemin d’Amande, qui apprend à apprivoiser son chagrin et qui nous donne une belle leçon de vie en questionnant son propre deuil.

Je le dit souvent sur ce blog, le deuil est un processus intensément vivant. On ne fait pas son deuil à un instant T, on le fait toute notre vie.

Le deuil d’un bébé ou d’un enfant est aussi un deuil particulier, celui d’une douleur insoutenable (j’ai parfois l’impression d’avoir perdu une partie de moi en perdant mes filles), celui du silence également. Amande le dit d’ailleurs très bien: quand on perd un enfant, on est ni veuf, ni orphelin. On est quoi, alors?

Pourtant le deuil est l’expérience la plus universelle qui soit: comment se fait-il donc qu’il s’agisse également du sujet le plus tabou, le plus solitaire- particulièrement en ce qui concerne la mort de son enfant? C’est aussi pour briser ce silence et sensibiliser le grand public que le film a vu le jour, via une opération de financement participatif qui lui permettra de devenir le deuxième film le plus financé par des donateurs en ligne… après « Demain », le film de Cyril Dion.

Il y’a de beaux moments dans ce documentaire: j’ai ri à la séquence du « bingo du deuil » (on y passe tous, n’est-ce pas?), frémis devant les plans montrant une Amande assise devant le vide, visiblement pas impressionnée pour un sou (spoiler: cette femme n’a pas le vertige), et chialé ma race le reste du temps (mais ça, je pense que vous l’aviez compris).

Bref, je vous recommande ce documentaire, qui ne bénéficiera sans doute pas d’une distribution sur grand écran digne d’un Marvel, mais qui mérite malgré tout le coup d’oeil, ne serait-ce que pour la belle leçon de vie qu’il nous offre.

Pour plus d’infos: le site du film

La super critique de Télérama

L’association Agapa, qui organisait la soirée

Cette publication a un commentaire

  1. Weena

    J’avais vu passé ce film quelques semaines avant le drame et je n’avais pas osé/prendre le temps d’aller le voir … Maintenant, je le regrette (quoique, j’aurais culpabilisé à posteriori en y voyant un signe …) et je me demande si l’équipe du film lemettra un jour en téléchargement payant …

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