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Les autres et moi (je crois que j’ai perdu le mode d’emploi)

J’allais vous écrire un billet sur mes derniers coups de coeur culturels du moment, et puis je me suis ravisée. Le fait est que -comme souvent lorsque je sens que je « bloque » sur un aspect de ma vie personnelle – les mots se tarissent, et je me retrouve à écrire des anecdotes pourtant absolument hilarantes (je vous jure: j’ai de quoi vous faire exploser de rire pour quelques billets – mais pas ici, sorry) avec l’entrain d’un mollusque apathique.

Ce qui me mine particulièrement ces derniers temps, ce sont les relations sociales.

Ca vous fait ça à vous aussi? L’impression d’avoir perdu le mode d’emploi? Ou – pire – de ne l’avoir jamais eu entre les mains? J’ai du le paumer entre la livraison et le montage final, je ne vois que ça, parce que ces derniers temps me font l’effet de voguer de déceptions en déceptions.

J’ai lu sur le sujet, pourtant, beaucoup, d’autant que je travaille dans la communication – alors vous imaginez l’ironie du truc. Comment gérer les relations conflictuelles, comment répondre à une personne qui part en torche. J’ai lu sur la communication non violente, j’ai lu sur les méthodes pour développer son assertivité. J’ai grandi (qui a dit « vieilli »?), mûri, j’ai appris de mes nombreux échecs amicaux, mais une chose est absolument certaine: à chaque fois que je me retrouve, de nouveau, face à une situation de tension, je ne sais plus gérer.

Je ne sais pas gérer les gens qui attaquent, qui agressent ou qui mentent. Face à une vieille aigrie dans le métro, je suis du genre à m’excuser, même quand je suis en tort. (Vous voyez le topo? Vous êtes dans un métro bondé, et la reloue de la rame décrète que c’est sur vous qu’elle doit hurler parce qu’il y’a trop de monde – ne riez pas, cette anecdote m’est arrivée il y’a quelques semaines. Et devinez ce que j’ai fait…? Sur le coup, je me suis excusée. Oui. Du monde qu’il y avait. Comme si c’était de ma faute. « Ah, ben je suis désolée »… Je me revoie, quelques minutes plus tard, me filer des baffes virtuelles dans les couloirs du métro: « mais qu’est-ce qui t’a pris, bordel de chiottes? Mais t’as l’anus qui a migré à la place du cerveau ma parole? »).

Bref, ces derniers jours ont de nouveau été relativement pénibles de ce côté la, sans rentrer dans les détails, bien évidemment. Mais toujours cette impression d’essayer de communiquer de façon fluide, franche, bienveillante de me prendre les pieds dans le tapis des relations sociales – certes par nature imprévisibles, mais dont le sens ne manque pas de continuer à m’échapper, à 35 ans bien tassés.

En ces temps de Carême (le retour aux autres, l’amour du prochain, toussa), je ne vous cacherai pas que j’ai, une fois de plus, eu envie de prendre ma famille et mes chats et de fuir dans une maison dans la Creuse, histoire de voir si l’herbe n’est pas plus verte quand les autres ne sont pas la pour vous compliquer l’existence. Je m’imagine parfaitement, une fois âgée, vivre seule avec mon Jean-Mi, loin de tout bruit, de toutes turbulences, avec mes livres et mon 8ème chat (sans avoir fait maths sup, j’ai calculé: niveau espérance de vie du chat vs espérance de vie humaine, je peux parvenir au chiffre de 8 chats, à raison d’adoptions doubles à chaque fois. Voilà, ça vous fera une belle jambe, et le fait que je fasse ce genre de calculs sur mes heures de temps libre expliquera sans doute mes difficultés sociales – allez donc savoir).

Et vous? Vous gérez comment?

 

PS: je l’aime beaucoup, ce dessin de Kate (fierté). J’ai aussi le sentiment d’être ce morceau de bleu qui se laisse envahir par la grande tâche rouge. Voila pour la métaphore imagée du billet).

PS2: nous avons bien trouvé un nouveau médecin -en fait, l’obstétricienne qui me suit habituellement. Merci encore pour vos conseils et vos messages privés!

Cet article a 4 commentaires

  1. Elisa

    Bah, moi je suis bien moins sympa que toi. Même avec une vieille aigrie, je ne vais pas me laisser faire. Il y en a de vraiment méchants, des vieux. L’important, c’est de s’affirmer tant en restant correct.e.s. Ce n’est pas facile et il faut beaucoup de pratique…Et puis, moi aussi, je comprends rien aux gens de toute façon.

  2. Marie

    Hello jeune dame! J’ai découvert ton blog il y a peu, suite à tes articles ailleurs sur le catéchuménat. Depuis, je rattrape mon retard avec 2-3 billets par ci par là.
    Et, je ne sais pas si cela te rassureras mais tu n’es pas la seule à être désarmée face aux autres et à ressentir sur ce graaaaaaand fossé d’incompréhension.
    Une de mes dernières décisions a été de quitter Facebook, parce que je n’arrivais plus à gérer le mal que cela me faisait de lire toute cette agressivité. Depuis, je suis plus solitaire mais je me sens mieux 😀

  3. Marine Rocton

    Et bien tu sais quoi ? Moi ce que je vois, c’est le bleu qui grimpe sur le rouge. Coeur coeur.

  4. Bonjour !
    Je vois tout à fait, l’impression de porter la galère du monde sur tes épaules (l’exemple du métro est tellement parlant). Moi quand j’ai l’énergie, je pousse l’excuse encore plus loin comme si j’étais vraiment responsable : « Oui je suis désolée, j’aurais pas dû inviter tout ce monde… » Dans mon ancien travail où j’étais en contact avec du public et quand des personnes arrivaient survoltées parce qu’elles n’avaient pas pu se garer, ou pas trouvé de boulangerie, ou trempées par la pluie, ça donnait des situations assez cocasses pour désarmocer. Imagine « Oh c’est vrai ? On avait pourtant commandé du soleil :'(  » Bon courage et en effet, le bleu a encore le dessus sur cette image 🙂

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