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Mes pas dans les siens

Cet article n’était absolument pas prévu, mais coucher sur le papier (numérique?) les déceptions est, parait-il, un excellent exercice cathartique, alors couchons, mes bons, couchons (je me rends compte de ce que cette phrase a de cochon au moment où je l’écris, mais qu’importe, cela fera la blague d’un billet pas spécialement drôle).

Bref, nous avions RDV aujourd’hui avec un spécialiste de la PMA pour lui parler de notre projet de don d’ovocytes à l’étranger. Et nous qui pensions trouver porte ouverte, nous nous sommes retrouvés face à un obstacle que nous n’avions absolument pas anticipé.

Je raconte notre parcours plus en détails sur DMT, mais je crois que j’ai surtout besoin ce soir d’évacuer ce rendez-vous manqué.

Parce que le médecin ne nous a pas formulé un « non » ouvert, mais nous a très simplement fait comprendre qu’il faudrait nous débrouiller sans lui. Que nous pourrions revenir le voir une fois enceinte, bien entendu. Mais que légalement…

Voilà, légalement, le monsieur n’était pas à l’aise, et je n’ai même pas envie de le blâmer. La loi française nous met dans une réelle impasse: les délais pour prétendre à un don d’ovocytes en France sont bien trop longs, et la réponse trop incertaine. Parce qu’avec une maladie génétique non identifiée et un enfant en parfaite santé, nous pouvons tout à fait nous entendre dire, au bout de 18 mois de commissions et d’examens en tout genre, que notre cas n’est pas prioritaire – et il ne l’est certainement pas. Parce que, comme nous l’a également souligné un de nos (trop nombreux) médecin, le fait de ne pas savoir ce que nous avons (niveau maladie) peut servir d’argument à un refus: « vous dites avoir une maladie génétique, mais dans le fond, vous n’en êtes même pas surs ». Ce qui est exact et relève de la logique la plus élémentaire. Logic is a bitch.

La loi française soumet également les médecins tentés d’orienter ouvertement leurs patients à l’étranger à une pression désagréable: et je serais bien égoïste d’en vouloir à un professionnel de santé, qui n’a sans doute pas très envie de mettre en péril des décennies de travail acharné pour un couple en mal d’enfant.

Voilà. Le médecin nous a également expliqué que la clinique en Espagne où nous espérions aller pourrait également nous opposer une fin de non recevoir, sur la base des arguments mentionnés plus haut (on ne sait pas si nous sommes réellement porteurs d’une anomalie génétique, même si au bout de deux Interruptions Médicales de Grossesse pour une pathologie identique et non identifiée, le doute n’est pas à priori plus trop permis).

Bref, je pensais ce soir entrer dans le cabinet d’un médecin pour y trouver du réconfort, une oreille attentive, de bons conseils et sans doute une ordonnance, précieux sésame pour de nouveaux examens nous permettant de débarquer un beau jour de mai à Barcelone, suffisamment armés pour enclencher un processus dans les plus brefs délais.

Au lieu de cela, j’ai trouvé une écoute polie, certes attentive, mais également une forme de froideur dissimulée sous une politesse quelque peu embêtée.

Pendant que nous rentrions de ce rendez-vous, alors que nous parcourions la Place du Trocadéro à pieds, abattus et quelque peu résignés face à cet obstacle totalement imprévu, je me suis surprise à caler le rythme de mes pas sur ceux de mon mari. Parce que cette déception n’est très certainement pas la dernière d’un si long chemin, tellement incertain. Mais que, quoi qu’il advienne, que mon mari soit déçu ou en colère, que je sois épuisée ou abattue, je garderai mes pas calés sur les siens. Parce que c’est la seule façon d’avancer qui nous reste.

Saleté de loi française.

Cet article a 4 commentaires

  1. Vanoushka

    Il y a des médecins plus compréhensifs que d’autres… ils sont aussi humains, avec leurs faiblesses. MP pour un contact

  2. Je suis triste de te lire. Et bien dépitée de voir ce que doivent traverser certains pour juste realiser un projet familial.
    Courage ❤❤❤

  3. magali

    Ah non! J’ai envie de dire « ne baissez pas les bras ». J’attends le jour où vous nous direz que le/la deuxième bout de chou est là. Je vous le souhaite, je vous le souhaite, je vous le souhaite. Et je vous embrasse, même si ça se fait pas, na! Cou-ra-ge à tous les deux!

  4. Christelle

    J’espère du fond du coeur que vous allez trouver une solution. Tiens nous au courant même si cette p*** de loi francaise ne le permet pas. Beaucoup de courage pour la suite, gardez d’espoirs.

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