Bon bon bon… comment on commence un article pareil sans enfoncer une quinzaine de portes ouvertes?
Très certainement en gardant en mémoire qu’en 2018, il existe de vraies maisons d’édition qui publient des livres à destination des pré-ado (8 à 13 ans d’après le site) avec moult conseils, de type « grâce à tes seins en plein développement, tu as enfin attiré l’attention du bel Ethan, dont tu es secrètement amoureuse depuis la maternelle ».
8 A 13 ANS BORDEL DE CROTTE.
Ca vous fait ça à vous aussi? Ca vous plonge également dans une sorte de sidération?
Je ne sais pas pour vous, mais moi, au début, j’ai cru à une blague. Et pourtant, en lisant les extraits qui circulent sur le web, j’ai réalisé qu’il ne s’agissait ni d’une blague, ni d’une maladresse, le reste des conseils étant du même acabit (même si cela m’a infiniment moins choquée que la petite phrase reproduite ci-dessus – j’ai trouvé ça parfois très, très idiot, mais rien de comparable).
EDIT: une pétition pour que l’ouvrage soit retiré a été lancée, en attendant voici un récapitulatif illustré d’Emma, que j’aime d’amour, vous y trouverez tous les passages, disons, à problème: https://www.facebook.com/EmmaFnc/photos/pcb.570375346632014/570373846632164/?type=3&theater
Je suis également allée lire les échanges entre internautes sidérés et le community manager, sur la page Facebook des éditions… je vous laisse aller y jeter un coup d’oeil si le coeur vous en dit, c’est… comment dire… en fait, ils ne se rendent pas comptent. Ni de la gravité, ni du sexisme de leurs propos. Et comme ils ne se rendent pas comptent, ils ne s’excusent pas, cqfd.
Je suis toujours un peu aux aguets avec Kate, je ne vous le cache pas. J’ai le grand espoir que le mouvement « me too » parviendra à faire sortir quelque chose de bon de toute cette histoire.
Oui, bien entendu, vous croiserez toujours des femmes pour vous dire que « non, moi je ne me suis jamais fait emmerder dans le métro » (je les crois sur parole, mais Dieu seul sait à quel point j’aurais juste aimé avoir leur chance).
Mais moi, personnellement, j’en ai tellement chié pendant mon adolescence et ma jeunesse, que j’aimerais avoir une baguette magique qui épargnerait à ma fille d’avoir à vivre tout ça elle aussi (ah, les mecs qui se branlent devant vous dans le métro en souriant, toujours un grand moment) (#ironie).
On peut discuter de l’ensemble des stratégies d’évitement adoptées pour faire face à ce harcèlement quasi permanent (tope la si tu as, toi aussi, eu recours à ce genre d’astuces): mettre de la musique quand je marche pour ne pas entendre (radical!). Ne pas faire de « eye contact », JAMAIS, avec des hommes. Parce que quand ils voient que tu as tes écouteurs dans les oreilles, ils compensent par des signes physiques (oh, je te laisse imaginer quels genre de signes, hein. Mais soyons bien d’accord: personne ne m’a jamais encore imité le mime Marceau dans le métro). Faire gaffe à la couleur de mon débardeur (ne pas attirer le regard), ne jamais prendre le RER passé 20h (tellement pratique quand tu vis en banlieue), mater le sol du métro en permanence, mais garder un oeil derrière ton dos (et non, je ne parle pas des pique pockets, qui étaient, pendant mon adolescence, le cadet de mes soucis).
Bref, s’effacer de l’espace commun, se déféminiser pour ne pas se mettre en danger, devenir une ombre pour ne pas se faire remarquer. Je ne vais pas vous faire de longs discours, d’autres auteures et blogueuses féministes s’en sortent beaucoup mieux que moi. Mais, compte tenu de tout ce que j’ai déjà vécu, je suis atterrée de voir que des auteurs jeunesse se permettent de conseiller les futures jeunes filles d’aujourd’hui de cette façon. Comme si leur corps n’était rien d’autre qu’un outil de désir sexuel. Un outil qui se doit d’être attirant, et donc mince et blanc (je vous laisserai aller jeter un oeil sur la présentation de l’ouvrage, mais pour en avoir vu les bonnes feuilles, il y’a aussi quelques jolis exemples de grossophobie ordinaire, cumulé avec un manque de diversité assez incroyable – je rappelle que le père de ma fille est métisse, et je suis quand même très étonnée qu’en 2018 on en soit toujours la!).
Ce que je ne comprends pas tout à fait, c’est comment les auteurs ont pu se planter sur un sujet pareil. Bien sur, je sais que la puberté est une thématique ô combien délicate à aborder avec des enfants et des pré-adolescents. Mais bordel, il y avait tellement d’autres façons de s’adresser à des enfants pour leur parler des transformations physiques et psychologiques à venir!
Je ne suis pas mauvaise joueuse, je vous ai mis le lien vers la description du bouquin dans l’article, et vers la page Facebook, pour vous faire une idée : à la fois de la façon dont la maison d’édition présente le livre, mais aussi des échanges entre le CM et les personnes qui, comme moi, ont été plus que choquées. Pour voir des contenus du livre en extrait, je vous laisse fouiner sur les réseaux sociaux, pas sure que la loi m’autorise à le faire (mais vous n’aurez pas à chercher bien loin, si cela peut vous rassurer).
Inutile de vous dire qu’entre mon dégout pour le harcèlement sexuel, ma gêne TOTALE face à certains conseils prodigués à des fillettes, et les origines étrangères de ma fille (pour être allée en Asie, d’où ma fille tire ses origines, je peux vous dire que dans certains pays le culte de la blancheur de peau est vraiment effrayant), je ne ferai pas partie des acheteuses (et m’est d’avis que je n’achèterai sans doute jamais rien venant de cette maison d’édition).
Je partage ton ressenti et je déplore la « ligne éditoriale » (appelons cela ainsi) de ce bouquin, car cette maison d’édition publie par ailleurs d’excellents ouvrages destinés aux tout-petits, mais qui restent de l’ordre de l’histoire et de l’imaginaire, pas de la pseudo-éducation scientifico-sexiste. Peut-être devraient-ils se contenter de certains créneaux littéraires…
ah bon? Tu vois, je trouve que cette publication les décrédibilise totalement… mais je leur laisserai le bénéfice du doute à l’avenir alors!
Et en plus, je vois que les trois auteurs sont des… femmes !
Nous sommes souvent nos pires ennemies (bien malgré nous)…
Je n’irais même pas regarder, mais je ne suis pas surprise.
Quand je vois a quel point certains livres pour enfant peuvent être sexiste, ça ne m’étonne pas du tout !
Mais le souci, c’est que ça plaît aux enfants alors, bon sous ce prétexte, on est prêt à tout.
Ma fille est dans une phase rose violet à paillette avec jupe qui tourne qui me désespère un peu, mais que faire?
Libéré -délivré à fait notre entrée à la maison alors que ma fille n’est qu’à la crèche !
Mon but n’est pas de lui interdire quoi que ce soit. Dans le quotidien, j’essaie de sélectionner les livres qui défendent mes valeurs et d’être attentive aux jeux qui entrent à la maison, mais on ne peut pas tout maîtriser.
Et je n’ai pas l’impression que ça aille dans le bon sens dans lorsqu’on se rend dans certains magasins de jouets il y a le rayon rose ou le bleu ?!?!?
Enfin, je partage ton coup de gueule.
Sacré défi qui nous attend !
Je te rassure, notre fille de 2 ans et demi adoooore Libérée Délivrée et commence à réclamer du rose… ma foi, à la limite je m’en fiche pas mal tant qu’elle continue à montrer de l’intérêt pour d’autres choses (ça ne l’a pas empêchée de faire une partie de foot endiablée avec des garçons au parc l’autre jour). Mais j’essaie de rester vigilante, même si je me doute bien qu’une phase « rose & princesses » sera quasi inévitable. Par contre j’avoue que je n’en peux plus d’avoir la chanson de la reine des neiges dans la tête! 😉
cet article m’effare complètement, je sais parfaitement de quoi tu parles en ce qui concerne le harcèlement de rue de métro de ce que tu veux, ma technique était de lire constamment, même en marchant (ça demande un peu d’entraînement mais ça le fait bien, tu restes dans ton univers et tu ne calcules personne) et je passe mon temps à refuser que qui que ce soit catalogue ma fille qui n’a que 10 mois et dont j’entends déjà « elle sera comme cela, c’est dans la famille ». Déjà, elle sera ce qu’elle veut et on t’emm… bref, mon rêve est qu’elle devienne ce qu’elle veut être. Pendant ma grossesse, j’ai vu qu’il y avait des cours de self défense dans le bled à côté, compte sur moi pour l’inscrire dès qu’elle sera en âge. Et maintenant j’apprends que les livres aussi sont un problème !
Je te remercie d’alerter sur ce genre de sujet, j’aurais fait attention à la TV, aux jeux vidéos mais je ne sais pas s’il me serait venu à l’esprit de vérifier le contenu d’un livre AVANT de l’avoir acheté et de le lire.
C’est noté, et bien noté.
Tu as tellement raison… Je découvre ça au fur et à mesure… Je ne suis pas féministe pour un sou, mais là, clairement, c’est juste abusé… Les extraits que j’ai lus, même en étant consciente qu’ils sont pris isolément, sont effarants…
J’espère clairement que ce livre sera retiré, même si j’y crois guère !
Virginie
En plus , c’est « attirer l’attention de Ethan » , ça aurait pu être Laurent ou François ou Arnaud , mais c’est « Ethan »… bref , plus sérieusement , vous n’avez pas l’impression que cette levée de boucliers est UN TOUT PETIT PEU « too much » ? …( Je ne dis pas qu’elle est TOTALEMENT infondée , mais bon… )
Je comprends ton point de vue (le webzine Mademoiselle a publié d’ailleurs un article pour essayer de recontextualiser les passages qui ont circulé sur le net), il n’empêche que, si j’ai trouvé certains passages très maladroits, j’ai malgré tout été très choquée par la petite phrase citée plus haut… c’est sans doute une question de perception. 🙂
Bonjour,
C’est la première fois que je poste un commentaire ici bien que je lise ce blog en sous-marin depuis un moment. ^^
Après quelques recherches, je suis profondément choquée par ce que j’ai lu.
Les phrases les plus marquantes pour moi sont :
– « Grâce à tes seins en plein développement, tu as enfin attiré l’attention du bel Ethan, dont tu es secrètement amoureuse depuis la maternelle. »
– « Comme tu grandis, la loi parentale s’assouplit, et tu as ENFIN le droit de porter du fard à paupières, du gloss, voire du mascara, au collège. Victoire ! ».
Ou comment apprendre aux petites filles à être jolie et coquette dès leur plus jeune âge, à mettre en avant leur physique parce que c’est bien connu, c’est comme ça que les femmes réussissent dans la vie. ><
Euh… non désolée, le collège c'est encore trop tôt pour jouer aux femmes. On va au collège pour étudier pas pour séduire !
Autre chose gênante, le fait de se bouger pendant les règles, bah non, quand on a mal au bide on va pas se surmener… Certes, ça ne doit pas nous empêcher de vivre mais on n'est pas non plus dans une forme olympique !
Et les talons, c'est pas l'idéal quand on est encore en période de croissance…
Par contre, les vrais détails importants, du genre comment placer une serviette hygiénique ou insérer un tampon, ça le livre n'en parle je présume. Quel dommage !