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La vie en rose (ou pas).

Sans être une militante encartée, le féminisme me tient à coeur. Si je n’en ai jamais parlé ouvertement sur ce blog, c’est parce que le féminisme tel que je le vis, et tel que je le pratique, est un féminisme relativement discret. Mon féminisme à moi trouve sa place dans les toutes petites actions du quotidien: ce n’est pas une cause que je défends de façon « bavarde ».

Pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela?

Eh bien, parce que je suis la maman d’une toute petite fille, et que je m’interroge nécessairement sur la femme qu’elle deviendra, les droits qu’elle devra défendre, les injustices qu’elle devra subir. Quand j’ai appris que j’attendais une petite fille, je ne vous cache pas que, derrière le bonheur de m’imaginer câliner une jolie princesse, j’ai frémis malgré moi face à tout ce qu’il pourrait lui arriver de moche dans sa vie  juste à cause de son sexe.

« Ouais mais Urbanie, tu nous parles de féminisme mais tu nous dis que ta fille est une princesse, tu te contredis, là ». Non, je peux être féministe et voir ma fille comme une princesse dont je suis incroyablement fière. Ca ne m’empêche pas de lui expliquer quand elle construit ses tours de cubes avec application qu’elle sera une parfaite ingénieure quand elle sera grande, n’y voyez pas de contradiction.

 

Là où les choses se compliquent parfois pour moi, c’est lorsque je dois faire de petits choix, qui sembleraient anodins mais qui pour moi deviennent rapidement de jolis casse-têtes.

Un exemple?

Le bleu, c’est ma couleur préférée. Sauf que quand tu habilles un tout petit d’une certaine couleur, les gens le cataloguent en quelques millièmes de secondes dans l’un ou l’autre sexe. Ce n’est pas de la faute des gens, c’est juste qu’à un certain âge, distinguer les filles des garçons reste réellement très compliqué.

Donc ma fille porte du bleu, beaucoup de bleu. Ma fille porte peu de robes (je ne trouve pas ça pratique du tout), peu de vêtements à fanfreluches (pas pratiques non plus), et parfois des habits (mixtes) achetés au rayon garçon.

Ma fille se retrouve donc parfois confondue avec un garçon. De là, me viennent tout un tas de questions: est-ce que le fait d’être confondue avec un garçon la marquera plus tard? Est-ce qu’il ne serait pas plus « normal » et convenable socialement de l’habiller clairement et visiblement en rose?

Et d’ailleurs, sa veilleuse, je l’achète blanche, bleue, rose? La déco de sa chambre, je la choisie mixte? Et ses jouets?

Ah, les jouets. Tout un poème… si les fabricants de vêtements ont fait beaucoup de progrès pour satisfaire tout le monde, niveau jouets, c’est pas gagné: « superhéros » versus » princesses ». « Gros bonhommes » versus « héroïnes bien trop maquillées ».

Je vous épargne la galère sans nom pour trouver une trottinette qui ne soit ni « Reine des neiges », ni « Grosses voitures de superhéros ». J’ai: galéré.

J’ai fini par trouver une marque de trottinettes qui proposait des modèles de couleur unie, et même là, il a fallu expliquer à la vendeuse que je ne voulais pas le modèle rose BORDEL DE CROTTE.

Les vendeurs, parlons-en là aussi. Ils sont souvent un obstacle de taille:

« Alors en combipilote j’ai corail. Ah, du bleu? Oui, c’est au rayon garçon… ».

« Des chaussures bleues? C’est pour les garçons ça, par contre je peux vous proposer du rose (en effet: le vendeur n’avait QUE du rose au rayon fille) ».

« Vous ne voulez pas une trottinette rose? Bon ben j’ai turquoise, on a bleu aussi mais ça fait « garçon » sinon ». (Hum, non.)

 

Alors pourquoi ne pas vouloir de rose?

 

En fait la question est simple, mais complexe aussi.

 

Simple parce que je raisonne de façon pragmatique: si nous avons un jour un bébé garçon, je ne veux pas TOUT racheter en bleu/ mixte. Je veux que les « basiques » puissent être réutilisés si nécessaire. Surtout s’ils ont couté cher.Alors oui, les garçons peuvent aussi utiliser du rose. Mais avouez que le total look déco/ matériel de puériculture/ vêtements/ jouets serait un poil too much, et je ne veux pas non plus que mes enfants soient montrés du doigt.

 

Plus compliqué parce que j’adore le rose, mais que je rejette tout ce qui conditionne les filles dans un rôle « moins signifiant » dans la société que les garçons. Et si ce n’est pas le fait de coller du rose à Kate partout qui va en faire plus tard une femme qui n’osera pas s’affirmer, il n’empêche que je reste convaincue qu’il s’agit d’un « tout ». Qu’elle apprend aujourd’hui à s’identifier à qui elle est, à ce qu’elle est (une fille), et qu’il n’y pas de petits détails. Que la flanquer d’entrée de jeu en petite princesse vêtue de rose bonbon ne l’aidera sans doute pas plus tard à devenir une femme forte et indépendante. Elle traversera sans doute une phase où elle verra la vie en rose, où elle s’imaginera princesse, où elle attendra son prince arriver sur son fier destrier. Comme moi petite fille. Il n’empêche: je ne veux pas qu’elle se résume à ça. Donc j’essaie d’équilibrer. La couleur de la trottinette, son dressing, ses jouets.

J’hésite aussi, je doute. Je calibre mes discours, entre « tu es très belle » et « tu es incroyablement intelligente ». Entre « tu briseras des cœurs plus tard » et « tu seras ce que tu veux être ».

 

Et je me prends sans doute trop la tête, j’en ai bien conscience. Mais je fais comme toutes les mamans: de mon mieux, selon ce que je crois être la meilleure solution pour ma fille. Quitte à choper quelques maux de crânes au passage.

Cet article a 6 commentaires

  1. Justine

    Bonjour Urbanie,

    Je lis ton blog depuis un an ou deux, mais je crois que c’est la prochaine fois que je commente !
    sûrement parce que je me pose ces questions aussi, mais j’essaye de moins me prendre la tête ahah

    j’ai une petite fille de 2 ans, et si comme toi, je privilégie des basiques mixtes, parfois je craque pour un côté plus marqué fille. Même si, malgré moi, ça me met de temps en temps des noeuds au cerveau ! (comme par exemple lorsque j’ai acheté un tapis rose pour la chambre de ma poulette, et que j’ai regretté pendant des semaines de ne pas l’avoir pris en beige ahah !)

    ça me rappelle une anecdote qui m’a un peu marquée parce que j’ai trouvé la réaction inattendue et limite ridicule. Lorsque nous avons présenté notre fille à ma famille je l’avais habillée dans une combinaison en velours bleu marine Petit Bateau, très très mixte et assez classiquepour le coup, avec un tshirt blanc en dessous, et en regardant les photos avec ma mère quelques temps après, celle-ci m’a dit : « Liv était adorable, mais c’est dommage que tu l’aies habillée en bleu ce jour-là » (sous-entendu, c’était trop foncé, pas gai, et pas fille). ça m’a un peu saoulé, j’avoue ahah.

    j’ai pris conscience du marquage du genre vraiment trop trop prononcé lorsque j’ai dû faire un semestre de licence en sociologie, il portait justement sur ce thème : la théorie du genre. ça m’a passionné, et je pense que ça a généré en moi cette envie profonde de non seulement, ne pas tomber dans des clichés stéréotypés, mais aussi de me demander pourquoi je fais tel ou tel choix et de guider mes choix en toute conscience, plus tard, pour mes enfants. J’attends d’ailleurs numérobis, et je n’ai envie que de couleurs neutres pour sa chambre !!

    je trouve ça passionnant comme thème, car finalement, assez profond et riche de sens.

    Bref, aujourd’hui, je réfléchis à presque tous mes achats, et je me suis finalement rendu compte très récemment, que ma fille a finalement un univers plutôt neutre/mixte (et beaucoup de bleu, car j’aime cette couleur), et que les marqueurs du genre féminin (le rose, quelques poupées, deux trois paillettes de ci de là, …) viennent de quelques craquages de ma part (parce que j’aime bien ça parfois), mais surtout des autres, des cadeaux que ma fille a pu recevoir !

    Après, tant que nos enfants sont heureux et qu’ils comprennent aussi qu’on leur apporte une certaine ouverture d’esprit à leur laisser le choix, on a déjà gagné quelques points bonus :). Mais c’est peut-être un peu cliché ce que je dis là, non ? 😉

    belle journée

    PS / j’ai aussi repéré cette trotinette pour ma fille, et j’ai envie de la prendre verte !!

  2. Teillet

    Bonjour,

    Ma fille a 2 ans et elle a beaucoup beaucoup de choses roses: des vêtements, une poupée, etc…
    Le rose, au départ, c’est papa qui en a fourré partout. Et moi, j’essayais de niveler avec d’autres couleurs. Et maintenant, c’est moi: je ne me prends pas la tête. Je prends ce que je trouve.
    Je pense que si on accorde trop d’importance, les enfants vont se rendre compte qu’il y a quelque chose avec ça.
    Et puis, le rose, c’était la couleur de la masculinité avant que quelqu’un fasse la réflexion que le bleu était la couleur de Dieu (la vierge Marie est en bleu) et que ce n’était pas logique que ce soit les femmes qui portent le bleu.
    D’ailleurs, certains rugbymans affirment leur masculinité avec des maillots roses !!
    Donc, ne pas y accorder d’importance peut permettre de pallier à ce problème.
    Ma fille joue aux voitures, par exemple ! 😉

  3. Popie

    Olala ! J’adore ton article !!
    Je suis maman d’un petit garçon et j’attends une fille. Pour mon fils j’ai acheté pas mal de trucs neutres et on l’a souvent pris pour une fille (soit disant parce qu’il a des beaux yeux avec des grands cils). Sa chambre a du bleu mais surtout parce que j’adore cette couleur. En revanche je déteste le rose et le violet donc la pour ma future fille ça va être compliqué. J’ai déjà décidé que sa chambre serait jaune et verte. Je ne veux pas de rose et je trouve que les trucs trop rose sont vraiment typés et pas dans un sens positif pour les filles. Idem pour les trucs trop garçons, j’aime vraiment ce qui est neutre et pour moi ça permet de les laisser voir ce qu’ils aiment.

  4. Au début, on avait prévenu tout le monde: pas de rose pour Tess. On adorait le bleu donciel on achetait beaucoup bleu. Et puis un jour quelqu’un lui a offert du rose, et là révélation, ces couleurs chaudes lui vont beaucoup mieux au teint que le bleu… Depuis on a arrêté de se prendre la tête. Certes on évite de partir trop d’un côté ou de l’autre mais on craque autant pour du mixte (réutilisable pour un futur bébé) et du girly. L’éducation qu’on lui donnera fera autant que possible son travail pour équilibrer les genres sans renier sa féminité.

  5. Nathalie

    La couleur des vêtements ça ne change rien jd trouve : qu’elle soit en rose ou en bleu j’ai autant de monde qui demande si c’est un garçon.

    J’en ai déduit que c’était le fait de ne rien lui mettre dans les cheveux (barrette, bandeau…) qui jouait sinon je ne vois pas !

  6. Maman Nouille

    Bon mais du bleu pour les filles ça passe mieux que du rose pour les garçons. Oui, c’est sexiste mais c’est vrai non?
    Moi j’achète des leggings au rayon fille, j’aime les bébé en petits pantalons moulants, c’est comme ça.
    Cela dit, j’ai toujours habillé mes garçons dans des « couleurs masculines », et pourtant on m’a déjà demandé s’ils étaient des filles. Tient d’ailleurs le petit dernier, on ne m’a jamais demandé si c’était un garçon, mais plusieurs fis si c’était une fille, en ne voyant qu’un bout qui dépasse de son porte bébé (bleu). J’ai même un jour répondu ‘ben non c’est un garçon, il est habillé tout en bleu’, le gars a bafouillé qu’a cet âge on ne savait pas. En même temps, c’est pas faux, paf dans les dents. Tiens je devrais lui mettre du rose pour voir.

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