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Maman solo: le bilan de cette année

L’année de Jean-Mi se termine, je peux maintenant faire un bilan de mon expérience de maman solo.

Alors alors alors, que vous dire? Je suis un peu en galère, parce que je ne veux pas vous décourager. Vous voyez, Jean-Mi a eu une opportunité unique cette année: il a été admis dans l’un des plus prestigieux MBA du monde (oui, du MONDE chère madame!). C’est pas moi qui le dit, c’est eux.

Cerise sur le gateau, ce fameux MBA top moumoute se situe à 1h de Paris en voiture. Impossible de le refuser sans avoir d’immenses regrets.

 

Nous nous sommes donc trouvés dans une situation un peu compliquée, il y’a un an: soit Jean-Mi refusait de faire un MBA (mais pourquoi avoir postulé, à ce moment là, hein?). Soit je devenais maman solo pour presque un an.

 

Je ne vais pas vous mentir: si j’étais heureuse pour mon mari, je n’ai en revanche pas exactement sauté de joie pour moi.

Parce que je venais de passer 6 mois en congé maternité, en tête à tête avec Kate. Et j’avais bien compris UNE chose de la maternité: c’est dur, c’est prenant, surtout si on est isolée. Donc la perspective de rempiler pour un an ne m’a pas exactement enchantée.

 

Avec en prime des difficultés croissantes suite à mon retour de congé maternité au boulot. Difficultés qui ont viré au cauchemar, on en reparle très bientôt dans Sous Notre Toit d’ailleurs.

J’ai donc démarré cette année en solo dans une situation très incertaine: je n’étais pas sure de retrouver un poste qui me convienne, ma situation professionnelle était au point mort, et j’étais donc, en prime, arrêtée (j’avais reçu des menaces, je vous laisse imaginer l’ambiance). D’un autre côté, mon mari avait la chance de ses rêves à saisir.

 

C’était extrêmement frustrant pour moi. Je suis un peu obligée de m’attarder sur ce point, d’ailleurs, pour continuer mon récit.

Je suis une jeune femme active, bardée de diplômes, modestement ambitieuse. Rester à la maison, avec ma fille, contrainte et forcée, pendant que mon conjoint prenait son envol était donc compliqué à vivre. Pas parce que j’étais envieuse: mais parce que j’ai pris conscience, à ce moment précis, des inégalités cruelles qui persistent entre hommes et femmes au travail. J’étais devenue une incarnation parmi tant d’autres des discriminations faites au travail, envers les jeunes mamans. Un vrai bon gros cliché. Je me voyais déjà devenir mère au foyer ou prendre un boulot « moins disant », parce que personne ne voudrait m’embaucher.

J’avais tort, bien entendu, mais ma situation ne m’aidait pas à y voir clair à ce moment là.

 

J’ai retrouvé un poste très rapidement, fort heureusement, et j’ai du faire face à une nouvelle difficulté: jongler entre le boulot et ma fille de 12 mois. Dire non, poliment, encore et encore, aux réunions trop tôt ou trop tard. Manquer de sommeil, courir, tout organiser, planifier, gérer, seule. Les courses, le ménage, les couches qu’il faut amener chez la nounou, les repas qu’il faut acheter pour le lendemain, les lessives à faire tourner. Les bobos à consoler, les visites chez le pédiatre.

Avoir l’impression de ne jamais en faire « assez », ni au boulot, ni avec Kate, parce qu’il ne faut pas se mentir, il faut être à minima deux pour s’occuper d’un tout petit.

J’ai toujours eu la chance d’avoir Jean-Mi au téléphone sur les questions vraiment importantes, à toute heure du jour et de la nuit. Il est rentré à la maison chaque semaine, aussi régulièrement que possible. Mais globalement, je gérais 75% de tout en solo.

 

M’occuper de ma fille seule, à temps plein, pendant les congés scolaires a aussi été une rude épreuve. Parce que si elle ne dormait pas, je ne dormais pas non plus. Parce que j’avais l’impression de revivre le sketch de Florence Foresti sur les jeunes mères qui emmènent leurs enfants au parc (je vous confirme que c’est à mourir d’ennui). Parce que, en prime, je n’avais rien pour m’occuper ou me faire « vibrer ». Rien d’autre que Kate, qui prenait toute la place, et nécessitait toute mon attention, 12h/24.  Je sortais des périodes de vacances scolaires plus épuisée qu’avant qu’elles n’aient commencé.

Je crois que vous l’aurez compris: j’ai détesté être maman solo. Si j’aime ma fille d’un amour absolu et inconditionnel, je n’ai en revanche pas aimé du tout être seule pour faire front.

 

Bien évidemment, il y’a eu des moments merveilleux avec ma fille, et non, je n’ai pas sombré dans la dépression (je me rends compte en me lisant que vous devez vous imaginer que j’ai fini sous Tranxène). Mais cette expérience précise de la maternité ne m’a pas vraiment plu.

 

C’est donc un sacrifice qui a été fait à deux (Jean-Mi a aussi souffert de ne plus nous voir), pour un avenir meilleur. Très honnêtement, je ne pense pas que j’aurais tenu une année (ou même 6 mois) de plus.

J’ai fini par embaucher deux jeunes filles pour m’assister, deux ou trois fois par semaine, avec Kate. Pour courir un peu moins.

 

Si je devais retourner un an en arrière et reprendre cette même décision, je vais être très honnête: je ne suis pas certaine de dire oui à nouveau. Bien entendu, il est encore trop tôt pour voir les bénéfices de cette année (je parle pour Jean-Mi), et je suis confiante dans le fait que, sur le long-terme, cette expérience sera extrêmement bénéfique pour notre famille. Pour Kate, aussi et surtout.

 

Je l’ai souvent dit, j’ai désormais un respect immense pour toutes celles et ceux qui élèvent leur enfant seul. Parce que je me rends compte à quel point c’est difficile. J’ai toujours eu en perspective le retour de Jean-Mi à la maison. Mais, pour avoir grandi dans une famille mono parentale, je sais que ce retour ne se produit pas toujours. BIG UP à tous les parents solos: vous êtes devenus mes héros.

 

La superbe photo est signée d’Anne-Sophie Bost, que je compte vous présenter très bientôt (elle fait de superbes séances photo en famille, elle nous suit depuis la naissance de Kate, je vous la recommande les yeux fermés 🙂 ).

Cet article a 29 commentaires

  1. Merci pour cet article.
    Je suis maman solo comme toi en ce moment.
    On a déménagé avec les enfants dans le Nord car j’ai eu une opportunité de travail. Mon mari est resté à Paris. On ne sait pas encore combien de temps va durer la situation.
    J’ai des horaires plus chargés qu’à Paris, je dois faire mes preuves dans ce nouveau boulot. Une situation un peu difficile à gérer mais on a fait le choix de déménager en Province et à la campagne pour améliorer les conditions de vie de nos enfants. J’espère que nos efforts/sacrifices paieront ….
    Mais comme toi, je ne vois pas femme au foyer. J’ai besoin d’être active, de travailler même si certaines personnes de mon entourage ne le consentent pas..

    1. Urbanie

      Ah oui, ça doit être hyper sportif aussi… et en même temps je comprends tellement l’envie et le besoin de partir offrir un meilleur cadre de vie à vos enfants (c’est aussi pour ça que mon mari a fait son MBA, pour pouvoir offrir les meilleures conditions de départ dans la vie à notre fille). Bon courage pour tout gérer! <3 Et j'espère que ton mari pourra vite vous rejoindre!

  2. Héloïse

    Vous êtes belles (l)
    Et la tenue d’Olivia est juste parfaite (cette tunique est magnifique).

    1. Urbanie

      Petit Bateau! 🙂 Elle lui allait tellement bien! <3

  3. Flora

    Si tout se passe bien, on risque de vivre la même situation mon mari et moi pendant quelques mois l’année prochaine. Sauf que c’est moi qui partirais et lui qui serait parent solo.
    Merci pour ton retour d’expérience ! Il ne me rassure pas vraiment mais c’est plus ou moins ce que je pouvais imaginer. Je serais curieuse de savoir comment Jean-Mi a vécu tout ça de son coté ? j’imagine que c’est plus facile physiquement d’être le parent absent mais comment gère-t-on être loin de son enfant et rater tous les moments clés de son développement ?

    1. Urbanie

      C’est compliqué parce que je veux décourager personne, mais en même temps je ne peux pas vous mentir non plus en vous faisant croire que cette année a été hyper facile!
      Je demanderai à Jean Mi si ça l’embête de témoigner, mais il est plus pudique que moi…

  4. Only laurie

    Super article! Tu as eu beaucoup de courage et je me rends compte que mon papa a vraiment géré durant mon enfance 🙂

    Belle journée

    Laurie

  5. Je vois tout à fait ce que tu veux dire…Le Papa de Louis est régulièrement en déplacement à l’autre bout du monde, je passe beaucoup de temps en tête à tête avec bébé. Je suis un peu une intermittente de la maman solo 🙂
    C’est parfois pesant, d’autant qu’on n’a personne (famille, amis) à proximité pour filer un coup de main.
    Ton homme doit être fier de toi 🙂 (enfin j’espère parce que ces messieurs ne se rendent pas toujours compte !)
    Bisous

    1. Urbanie

      En fait je crois que c’est ça le plus compliqué: quand on a personne pour aider à proximité (c’est notre cas également).
      J’ai fini par embaucher deux jeunes baby sitters qui me relaient parfois pour chercher ma fille chez la nounou, lui faire le bain, ce genre de choses… elles restent 1h ou 2, elles viennent entre 1 et 3 fois par semaine (selon mon emploi du temps et ma fatigue), mais cela me fait beaucoup de bien. Je peux en profiter pour faire des courses, à manger, ou juste aller flâner dans une boutique en rentrant du boulot… Tu peux essayer d’envisager une aide de ce type?

  6. Zazimutine

    Totalement d’accord avec toi, grand respect aux parents solo!!
    J’ai vécu la même situation pendant 6 mois avec mes deux filles de 4 et 6 ans, moins compliqué qu’un bébé mais quand même, c’était chaud! J’en avais écrit des billets humoristiques à l’époque pour décompresser mais rude!!
    Profite bien de ta famille désormais réunie, et tu verras, il faut laisser de nouveau sa place au papa et… ce n’est pas si simple 😉

    1. Urbanie

      Merci!
      Je vais aller lire tes billets de ce pas s’ils sont toujours en ligne (tu as eu bien raison de décompresser par l’écriture, il n’y rien de mieux!) 🙂

  7. Ségolène

    De mon côté, je me suis retrouvée maman solo alors que mon fils avait 6 mois. Nouveau job, nouvel appart, le tout en Allemagne alors que mes parents habitent en France. Et bosser 40h en tant que maman avec un tout Petit, ce n’est clairement pas la norme ici. Et donc s’ajoutait la culpabilité d’être une mauvaise mère vu que mon bébé passé 10h/jour à la crèche et que quasiment toutes les autres mamans allaient chercher leurs enfants vers 15h (max).

    J’aurais pu rentrer en France pour être plus proche de ma famille mais je savais pertinemment que si je faisais cela mon fils ne connaitrait jamais vraiment son père (soyons lucide, les contacts à 1200km quand on a 6 mois…) alors je suis restée et ils se sont vus tous les dimanches (on a choisi de ne pas faire un week-end sur deux mais la moitié de chaque week-end).

    J’ai souvent stressée sur l’aspect financier. Car en tant que parent solo, en plus du fait de tout gérer seule, il y a clairement le fait que financièrement, avec un salaire, c’est plus difficile qu’avec deux. Et puis, je ne savais pas si cette situation était permanente ou temporaire. Cela a duré 4 ans 1/2. Juste avant ses 5 ans, on a rencontré une perle qui a accepté le challenge de devenir beau-père.

    Cette période m’a façonnée et rendue plus forte, je sais que je peux m’en sortir parce que j’ai bien cumulé les difficultés (bébé de 6 mois, à l’étranger avec un réseau d’amis limité puisque je n’étais pas là depuis très longtemps, devoir trouver un appart et un nouveau job) et que je m’en suis sortie. Mais a posteriori, je suis contente d’avoir vécu cette période. Je serais différente sans elle.

    Je vous souhaite à tous les 3 que l’année qui commence soit plus zen et que vous puissiez vraiment profiter du quotidien « simplifié » à trois et que ce MBA ouvre des portes à ton mari!

    1. Urbanie

      Oui, c’est vrai que ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort… je t’admire vraiment, je ne sais pas si j’aurais osétenté ça à l’étranger (la question s’était en effet posée chez nous de postuler à un MBA à l’étranger – ils sont souvent mieux côtés sur le marché du travail), mais la perspective de me retrouver à tout gérer loin de mes racines m’a vraiment découragée, donc je te tire mon chapeau bas! 🙂

  8. *ptitecarotte

    ha c’est drôle, dans te précédents articles, j’avais l’impression que Jean-Mi partait dans le fin fond de la France, et en fait, il est chez moi! Questions sûrement un peu bête, car j’imagine que l’emploi du temps INSEAD ne le permet pas (mais imagine seulement, alors je pose la question), mais des allers-retours plus fréquents pour lui n’étaient pas possible? Je fais les allers-retours quotidien pour travailler à Paris, alors je me projettes.
    Bravo à toi, pour cette éprouvante phase en tout cas, merci de la partager. j’espère que les années suivantes te seront plus douces. Son MBA est finit du coup?

    1. Urbanie

      Hahahaha, c’est vrai que j’ai pu donner cette impression! 😀 D’un autre côté, Fontainebleau est très éloigné en transports, donc je pense que c’est à peu près aussi compliqué de s’y rendre que d’aller dans une ville de province bien desservie (j’ai vécu à Lyon quelques années, en 2h j’étais à Paris).

  9. Caro

    Tu as tenu bon, tu as réussi, bravo !!! Ici aussi j’ai vécu quelques mois de maman solo à la naissance de SamSAm et je dois dire que j’en reparle encore ! Mon mari ne s’est pas rendu compte à quel point avoir la totalité de la charge mentale était épuisant… mais ici en tout cas, ça a été pour du mieux, j’espère que ça sera le cas pour vous aussi !!

    1. Urbanie

      Oui, c’est aussi cela qui est épuisant: la charge mentale en plus de la gestion du quotidien… j’ai mis 2 semaines à me rendre compte que les chaussures de ma fille étaient devenues trop petites, parce qu’à force de tout gérer mentalement, de tout planifier, j’ai fini par « manquer » des choses pourtant hyper évidentes!

  10. Je découvre un peu ton blog par hasard et je dois dire que tu as eu beaucoup de courage avec cette année de maman solo. Ca ne devait pas être facile tous les jours.
    La photo de vos deux est superbe !
    Bises à vous deux

  11. Melle Blanche

    Chaque couple, chaque famille fait au mieux pour trouver l’équilibre et en change si besoin.
    Perso, on a gelé nos CV pour en profiter un max et ne pas regretter la période de la petite enfance. Mais dans le monde de l’entreprise c’est très mal perçu et encore plus quand c’est le papa qui « se sacrifie » comme ils disent.
    Pourtant le mercredi aprem non travaillé pour une maman c’est « normal ».

    1. Urbanie

      Oh que oui! Je trouve cela tellement aberrant!

  12. Maman Nouille

    Ca me fait du bien de savoir qu’on survit.
    On vient d’apprendre que le papa partirait à l’autre bout de la france en septembre pour un an (et après, on ne sait pas où il aura un job). Mon grand rentre à l’école en septembre, mon petit a trois mois, je n’ai pas de famille dans le coin et pas encore de mode de garde…mais je vais bien, tout va bien TT

  13. Eva

    bravo pour ton courage et ta détermination pour cette année au parcours semé d’embûches!
    C’est vrai que l’INSEAD est une très belle opportunité mais n’as-tu pas eu envie de bombarder le directeur de l’INSEAD de couches sales jusqu’à ce qu’il accepte de décaler l’admission de Jean-Mi d’un an ou deux? 😀
    Ce serait effectivement intéressant d’avoir le point de vue de Jean-Mi sur cette année passée à bûcher loin du foyer familial, avec un tout petit enfant que l’on ne voit que le week-end, pas évident sans doute d’entretenir la relation avec son bébé, et de rater certains moments clé de son éveil et de son évolution…

  14. Lunaly

    Mon mari est tous les mois en déplacement professionnel entre une semaine et trois jours et du coup je me retrouve aussi un peu en maman solo avec mon fils. C’est vrai

    1. Lunaly

      C’est difficile et pas toujours facile mais pour le moment je m’en sort bien mais effectivement C’est fatiguant et moi aussi je suis administrative des parents solos.

  15. Clem

    Mon mari a entrepris un »prestigieux »MBA cette année!
    Nous sommes à mi chemin de la formation et j’avoue je suis à bout! La maison,mon job,mon petit de 2 ans me fatigue énormément,mais pour ma part ce n’est pas encore le plus difficile l’absence le soir d’une personne adulte avec qui l’on partage un dîner ou l’on se raconte sa journée me pèse énormément.
    Nous avons pris la décision de ne pas chambouler le lieu de vie de la famille pour cette année d’étude mon mari est partit seul,mais franchement à refaire nous serions partis les 3 pour cette aventure.La séparation laisse pour ma part un goût d’amertume, d’abandon, toute seule à devoir tout gérer et devoir me satisfaire des quelques heures par semaine que son emploi du temps d’étudiant d’élite nous accorde je trouve cela cruel.
    Je sais que c’est un sacrifice pour un meilleur avenir,une meilleure carrière mais c’est une réelle épreuve de couple.

    Eva j’ai adoré ton idée de bombarder le directeur pour notre part IMD de couches sales pour éviter une énièmes simulation de groupes de dernière minute ou des cours rajouté le samedi ou dimanche je vais y réfléchir!:-D

    1. Urbanie

      Je te rejoins à 200% sur le sentiment de solitude qui pèse bien lourd le soir…

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