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Peut-on être parent sans juger les autres parents?

Ce billet va sans doute être décousu, mais je ne vois pas vraiment comme le structurer, pour être honnête. Et cela fait tellement de temps qu’il est dans mes brouillons que je me dis qu’il est temps de le poster.

 

C’est toujours la même histoire: tu discutes avec un autre parent, et au détour d’une conversation anodine sur la diversification, la marque de couches que tu utilises, ou l’exercice de l’autorité, tu en reviens systématiquement au même point: tu juges. Ou tu te sens jugée.

 

Il n’ ya pas de mystère: nous voulons tous le meilleur pour nos enfants (en dehors de quelques sociopathes, entendons-nous bien). Mais globalement: chaque parent, quels que soient ses choix concernant l’éducation ou le maternage, ne souhaite rien d’autre que le bonheur de son enfant.

 

Et pourtant, quand nous partageons entre nous, il y’a toujours cette défiance qui flotte imperceptiblement das l’air: ah bon, tu fais comme ça, toi? Mais pourquoi?

 

Parfois, c’est à notre propre demande: on espère être convaincu, découvrir de nouvelles méthodes de parentalité, être conseillé. On déniche une astuce que l’on s’empressera de tester le soir même sitôt rentré à la maison (« chéri, j’ai trouvé comment faire manger des légumes aux enfants, on va leur faire des cookies aux épinards! »).

 

Parfois, on a rien demandé et on se prend une mauvaise remarque entre les dents.

 

Le plus souvent, on discute, on essaie de se challenger mutuellement, de convaincre l’autre, de partager sur nos pratiques mutuelles.

Et pourtant, très souvent, le plus souvent même, nous jugeons et sommes jugés.

Pourquoi? Parce que si nous faisons les choses d’une certaine manière, c’est parce que nous souhaitons le meilleur pour notre enfant. Or lorsque quelqu’un nous raconte ne pas faire pareil du tout, il questionne nos choix, nos méthodes. Si cette personne fait différemment de moi, qui souhaite le meilleur pour mon bébé, c’est soit que je m’y prend mal, soit qu’elle ne s’investit pas assez pour vouloir le meilleur pour son gamin à elle. Je vous laisse deviner la réponse la plus fréquemment retenue. 😉

Binaire? Oui, mais très humain.

 

Je ne connais pas beaucoup de parents qui se positionnent en se disant que leurs choix en matière d’éducation sont un des choix parmi les multiples autres possibilités qui existent. La vérité, c’est que c’est assez flippant (et là, c’est la jeune maman qui parle) de se dire qu’il n’y a aucune réponse parfaite: je plaisantais récemment auprès de copines en disant « mais pourquoi les bébés ne sont-ils pas livrés avec le mode d’emploi? ». Je plaisantais, mais en fait à moitié seulement. Tous les parents du monde tatonnent, testent, essaient, se plantent, recommencent, ne savent pas où aller ni dans quelle direction prendre la jolie route sinueuse de la parentalité.

Alors quand on pense avoir trouvé LE truc qui marche (ou semble fonctionner sur le moment), LA théorie qui circule et qui résonne en nous de façon si limpide, je vais vous dire un truc: on s’y agrippe et on ne la lâche pas si facilement que ça.

Ce qui est drôle, c’est d’entendre des parents vous expliquer que « si tu éduques ton enfant comme ça alors plus tard… »:
-il deviendra délinquant
-se chopera un cancer
-foirera toutes ses relations amoureuses
-ne fera jamais ses nuits (lol)
Je ne dis pas que les parents n’ont pas un rôle à jouer dans le devenir de leur bébé, mais je suis toujours épatée par la facilité déconcertante avec laquelle nous arrivons à faire fi de tout contexte socio-économique et sanitaire quand nous prédisons avec tant d’aplomb le futur des bambins des autres. Les chercheurs de CNRS n’en demandent pas tant, eux qui rament pour trouver causes et remèdes aux maladies ou grands problèmes sociétaux.

Ce qui est encore plus « drôle », c’est que nous prédisons exactement les mêmes avenirs sombres chez les bambins de l’ « autre camp ».

 

Vous êtes convaincu que les enfants doivent bénéficier d’une éducation stricte et encadrée pour ne pas finir délinquant juvénile? Eh bien sachez que les parents bienveillants pensent que c’est si vous les cadrez trop qu’ils finiront par rejeter leur haine (de vous) (fallait pas les priver de Nutella en plat de résistance quand ils avaient 6 ans) en dealant de l’ecstasy dans une cité de banlieue parisienne.

 

Je caricature pour vous faire comprendre ce que je veux dire, mais je pense que vous commencez à me connaitre un peu. 😉

 

 

L’autre jour, après avoir du une énième fois expliquer pourquoi être une maman solo me rendait moins disponible, ou pourquoi je trouvais Filliozat aussi intéressante que dangereuse dans son approche (elle fait exactement ce qu’elle dit aux parents de ne pas faire avec leurs gamins: elle culpabilise et elle juge), il y’a quelque chose qui s’est « débranché » en moi.

 

J’en ai assez.

 

Assez de devoir m’expliquer, expliquer, me justifier. Assez d’entendre les mêmes arguments rabâchés par des parents qui ne se rendent pas compte de leur manque de recul global sur les choses, ou de leur interprétation erronée de concepts en vogue (BIG UP aux parents qui tiennent un site sur l’éducation positive et qui y postent des photos de leur fille sur le pot) (true story).

 

Bref, j’ai débranché. Et c’est sans doute pourquoi j’écris moins ici. Tenir un blog de jeune maman est compliqué quand on a envie de faire une pause dans les concepts de parentalité, les dialogues de sourd, les jugements. Quand on essaie de peser chaque mot, à chaque ligne, pour ne pas se prendre de plein fouet des commentaires de parents radicalisés dans leur approche éducative.

 

Alors maintenant je dis « oui oui » quand on me recommande quelque chose qui ne nous conviendra pas, à moi ou à Kate. Je fais à ma manière, je laisse pisser.  Je ne lis plus (trop) de blogs de parents, encore moins les sites qui prônent une méthode éducative par rapport à une autre. Mon poil se hérisse encore régulièrement quand je lis des conseils réacs sur les sites de magazines grands publics (je pense qu’il faudrait que je vous ponde un article rien que sur ça), mais c’est plus la féministe qui s’agace que la maman, dans le fond.

 

Cet article a 5 commentaires

  1. Picou

    Très bien résumé! Ton article résonne très fort chez moi, parce que justement, j’ai cette approche d’essayer de ne pas juger (tout en jugeant en mon fort intérieur, on est bien d’accord, c’est malhonnête de déclarer ne jamais juger!). En fait, je fais ma propre popotte, pas toujours linéaire d’ailleurs, et globalement je me fous de l’opinion des autres ; d’ailleurs j’ai beau tenir un blog parental, j’aborde peu l’éducation que je donne à mes gamins. Parce qu’au fond on s’en fiche, elles vont bien, elles sont cool, ça me suffit, je ne veux pas analyser le pourquoi du comment on donner des leçons.
    Par contre, je lis beaucoup de blogs parentaux, parce que j’aime ça, parce que certains me touchent, mais j’en ai marre de cette « mode » à la « bienveillance ». Pas sur le fond, car comme tu dis on veut tous, et tant mieux, le bonheur de nos petits, avec chacun notre « méthode » ; mais sur la forme, lire tant que conseils sur la manière « dont il faut faire », c’est forcément culpabilisant et ça, ça me saoule. Oui, on juge, on trouve les autres bien, pas bien, on le fait tous et c’est humain. En revanche, je m’abstient de donner des conseils ou de démonter telle ou telle pratique – chacun fait ce qui lui convient, ce qu’il peut, ce qu’il veut. Et si tout le monde faisait ça, ça serait peut être pas plus mal!
    (pardon pour le pavé!)

    1. Picou

      (pardon pour les fautes d’orthographe et de frappe j’ai cliqué envoi avant de me relire…)(ne me juge pas. Ah ah!)

    2. Urbanie

      Oui, je t’avoue partager la même lassitude, à force de voir circuler des infographies, des vidéos, des articles qui t’expliquent qu’il ne FAUT SURTOUT PAS dire telle ou telle phrase à ton bébé sous peine de le condamner à une vie de malheur et d’errances… le tout sous couvert de « bienveillance », qui a en réalité complètement disparu du discours porté par ces sites. Ca me laisse vraiment perplexe, en fait…
      Comme je le dis souvent: je suis à fond pour l’éducation bienveillante, moins pour ceux qui la prônent…

  2. *ptitecarotte

    mais tu blogue plus que la plus branchée des maman blogueuse bienveillante toi en ce moment!

    Au début de ma vie de maman je vivais assez mal ce jugement (mandieu elle regarde trois épisodes de peppapig d’affilé, son cerveau va surement griller) mais maintenant j’ai pris beaucoup de recul, pas mal grâce à son papa qui fait tout à l’instinct ça équilibre mes lectures/principes pardois .
    Je lis par contre beaucoup de blog, et j’aime beaucoup discuter d’éducation avec mes copains, mes proches. On est bien sûr pas tous d’accord, mais je trouve passionant de voir comment on fait ailleurs, et j’avoue quand je répands des graines de possibilité de DME, de non punition, de motricité libre ou autre ça me fait plaisir. Pas que les gens adhérent forcément, mais juste ça ouvre des portes, des champs de possible qu’on avait pas entendu avant. Et qui peut-être peuvent nous/leur convenir.
    Sur des sujets qui nous touche très personnellement, je pense qu’on a tous en premier lieu une attitude de jugement/défense, mais qu’au fur et à mesure, qu’avec un certain temps de réflexion, on peut vraiment apprendre et sortir de ses principes.

  3. Lunaly

    Merci pour cet article. Moi aussi ça commence à me saôuler les blogs, commentaires sur les réseaux sociaux de parents donneurs de leçons sans parler de l’entourage. Je suis pareil que toi je dit « Oui oui »aux donneurs de leçons (j’ai dans mon entourage une personne en particulier qui critique à tout va ce que nous faisons avec mon mari pour notre fils ou en généralité) mais souvent je m’en tamponne Royal. Je pense qu’il faut s’écouter pour l’éducation de ses enfants et au diable les autres.

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