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Deuil périnatal: et après?

Il est compliqué à écrire cet article, mais il me trotte dans la tête depuis un petit bout de temps déjà… c’est quand je pense avoir fait le tour de la question, quand je pense être passée à « l’après », que je réalise qu’en fait ma première fille est toujours là, quelque part avec moi.

Pour autant, je suis redevenue maman, alors ne devrais-je pas avoir complètement « tourné la page »?

Non.

 

J’ai beaucoup entendu, juste après mon premier accouchement, qu’il fallait que je « passe à autre chose ». On m’a également dit très souvent  que ce que j’avais vécu « arrivait à beaucoup de monde », et que la vie reprenait pour autant son cours tout à fait normalement pour ces personnes.

Pour en avoir discuté avec ces personnes, ces fameux « beaucoup de monde » qui ont vécu peu ou prou la même chose que moi, c’est que la vie reprend son cours, certes, mais que le bébé parti avant de naitre n’est jamais oublié. Si le reste du monde n’en entend plus parler, c’est parce qu’il fait preuve d’un spectaculaire déni sur la question. J’en avais déjà parlé à plusieurs reprises, mais je trouve toujours autant absurde, 1 an et demi après les faits, de constater à quel point les gens font mine d’ignorer que j’ai eu un premier bébé mort-né, ou agissent comme si ma première grossesse n’avais jamais existé.

Ce que le commun des mortels appelle « passer à autre chose », c’est en fait « passer sous silence ». Ce n’est pas tant une recommandation bienveillante qu’une injonction pour ne pas entendre ce qui, dans le fond, reste terriblement tabou. J’ai perdu ma maman quand j’étais très jeune: je peux vous dire que de ça, je peux en parler. Les gens sont tristes, compatissent, me disent que « ça a du être terriblement dur ». Ils s’identifient à ma peine, à moi, parce que c’est dans l’ordre des choses. Ca m’est arrivé tôt, bien trop tôt même, mais ça arrive, cela reste dans le courant normal de la vie. Et cela arrivera aussi aux autres, de façon presque certaine. Les parents ne sont pas la pour nous survivre.

Mais un enfant? Un bébé?

 

J’ai appris qu’autour de moi, plusieurs personnes avaient perdu un bébé ou un enfant en bas-âge. Des personnes que je fréquentais depuis plusieurs années déjà, parfois de loin, certes, mais tout de même. Comment peut-on ignorer une information pareille sur les personnes qui font partie de votre vie? Parce que ces personnes font ce qu’on leur demande: elles n’en parlent pas. Elles vivent leur deuil seules, au mieux à deux quand elles ne se sont pas séparées de leur compagnon ou de leur compagne.

Je vous rassure: personne ne vient me voir pour me dire « attention, si tu parles de ta première fille, je vais te maroufler la figure à la Valérie Damidot », non. C’est juste le silence qui impose les choses d’elles-mêmes. De façon plus polie, plus subtile. Plus insidieuse.

Si je dis que j’ai tenu ma première fille dans mes bras pour lui dire au revoir et que j’ai gardé un très « bon » souvenir de mon accouchement, c’est positif, c’est une jolie façon de parler du deuil. Et pourtant, cela renvoie au médical, au technique, à la physique: nous avons perdu l’habitude veiller nos morts, nous sommes dans une approche très désincarnée de la question. Donc il m’est strictement impossible de le dire.

 

Le pire, c’est que depuis que je suis redevenue maman, je me retrouve à faire très attention à la façon dont j’en parle. Pourquoi? Parce que, autant mes proches ne veulent pas entendre parler de ma première fille, autant pour le corps médical cela revient à me mettre dans la case de la mère dépressive qui ne peut pas passer à autre chose. Le juste milieu n’existe pas: en tant que mère, je suis forcément coupable si ma fille attrape un rhume, alors vous imaginez bien si l’idée saugrenue de mentionner sa grande soeur partie trop tôt me passe par la tête pendant une consultation…

Quant au reste du monde, eh bien Kate remplace forcément sa grande soeur. Comme si un bébé pouvait être un raté, une erreur de parcours. Quelle façon épouvantable de voir les choses, n’est-ce pas?

 

Et après, donc? Une blogueuse que je lis depuis plusieurs mois avait intitulé son billet « sont-ils incapables de comprendre? ». Eh bien si, je pense que les gens peuvent comprendre. C’est juste qu’ils ont la trouille, et que la peur n’a jamais été très bonne conseillère. Je crois aussi que la bienveillance, la vraie, c’est d’apprendre aux gens à s’affranchir de cette peur de la mort et du malheur. En douceur, sans les brusquer. Il faut bien sur savoir accepter que certaines personnes ne s’y feront jamais, ne parviendront jamais à dépasser cette résistance sur la question. Il faut accepter également que pour d’autres, le malheur est quelque chose de contagieux: ils vous traiteront donc comme une pestiférée. Ceux-là ne valent même pas la peine qu’on aborde leur cas. La vie saura leur faire comprendre leur erreur tôt ou tard.

 

Je ne peux pas changer le monde à mon échelle, mais je peux changer la façon des gens de voir le deuil périnatal: pas comme quel que chose dont il ne faut absolument pas parler, mais comme un deuil, un vrai. Tout comme on traverse son chagrin, tout comme on traverserait une tempête, tout comme on peut avoir besoin momentanément de se faire aider par un professionnel, on peut également, une fois l’orage passé, reprendre le cours de sa vie. Sans oublier, ni « passer à autre chose ». On peut décider de garder un beau souvenir de ce premier enfant, ce premier bébé, comme on le ferait d’un proche disparu dans n’importe quel autre deuil. On peut décider de devenir une meilleure personne, de changer sa vie, ou juste de rester la même. Comme pour n’importe quel autre deuil.

Parce que le vrai danger du deuil périnatal, je crois, c’est de vouloir le cantonner à une situation exceptionnelle: oui, il s’agit d’une situation particulièrement dramatique, oui, c’est un moment épouvantable à traverser, que je ne souhaiterais même pas à ma pire ennemie (je n’en ai pas, mais si j’en avais une, je ne le lui souhaiterais pas). Mais cela reste un deuil, qui comme n’importe quel autre deuil, mérite d’être vécu avec soutien et amour. Il mérite d’être dit, il mérite d’être considéré. Ce n’est pas en le taisant qu’on fera disparaitre son existence: en revanche, en le taisant on enferme les parents dans une double peine terriblement handicapante. J’ai la chance incroyable de pouvoir m’exprimer sur le sujet, ici ou sur Dans Ma Tribu: tous les parents ne sont pas dans cette situation. Considérez vos amis, vos parents, vos collègues qui ont du passer par là. On ne vous demande pas d’en parler pendant des heures, non: mais un mot, un geste peuvent suffire à briser ce mur du silence qui les entoure. Une carte, un colis, un petit mail. Ce n’est pas la lune, mais c’est déjà tellement…

 

Ici, nous avons donc eu une autre petite fille, et nous allons également changer temporairement de mode de vie: je vous le disais la dernière fois, il se préparait quelque chose dont je ne pouvais pas encore parler. Mon mari reprend ses études, il va suivre un MBA pendant un an, pour se réorienter. Je trouve ça incroyablement courageux, je trouve que c’est aussi une belle façon de rendre hommage à notre première fille: en laissant la vie être plus forte, en la rendant plus belle, en nous réinventant.

Je vais donc assez logiquement pouvoir vous parler de cette situation pour le moins inédite: la vie de famille avec un étudiant… je pense que ça promet d’être drôle… 😉

 

 

 

Cet article a 46 commentaires

  1. Melimelanie

    J’ai juste envie de t’envoyer plein de câlin.

    J’ai été touchée par le deuil périnatale avec mon oncle il y a quelques années. Et sur ce coup là c’est lui qui refuse qu’on lui en parle et qui ne veut plus « ressasser cette histoire ».
    Mais c’est mon oncle. Il est comme ça. En plus il a failli perdre ma tante à ce moment là donc c’est un contexte un peu différent.

    Il a aussi perdu sa maman au début de sa vie d’adulte à 20 ans et c’est pareil il est très cynique sur ce sujet. (Alors que ma mère ne l’a pas géré du tout de la même manière. Et « gérer » est un bien grand mot…)

    Donc pour le coup j’ai pu voir par ses réactions que c’était un « deuil comme les autres ». Horrible et qui ne disparaît pas. Un deuil qui nous construit et qui fera partie de notre vie à jamais.

    Je pense que les gens qui conseillent d’oublier n’ont peut être jamais vécu de deuil.
    Pour moi on avance mais on oubli pas et heureusement.

    Et oui pour le milieu médical « c’est psychologique » est un peu le rempart de tous quand ils ne comprennent pas immédiatement le problème et c’est malheureux.

    1. Urbanie

      Oui, chacun vit son deuil différemment, il n’y évidemment pas de règle. Mais cela reste malgré tout un deuil un vrai, quelle que soit la façon dont on choisit de le vivre.

      1. Melanie

        C’est tellement rafraîchissant de te lire!! En un texte, tu énumère tellement bien ce que je ressens et sûrement ce que plusieurs maman’ange pense ainsi que les pères. Merci pour ce texte touchant! Beaucoup de bonheur a vous xx

      2. Mimasheshe

        Chacun de tes mots me touche et me renvoie â mon histoire en novembre dernier un fameux 13/11 je perds mon bb â 6 mois de grossesse tout s arrete et toi tu dois continuer à vivre comme ci Ca n avais jamais exister le Deni dans lequel on veut te plonger est insupportable c est pourquoi je mets un point d honneur à accorder à mon fils toute la place Qu il mérite .. Comme quoi les femmes enceintes m on fuis mais je ne leur en veux mm pas peut être que moi aussi si je n avais pas vequ ceux là j aurai réagi de la mm façon . Très bel article merci ❤️

  2. Pititefleur

    Il n’est jamais facile d’aborder le deuil alors celui d’un enfant, c’est très compliqué.
    Depuis que je te lis ici ou sur dans ma tribu, j’essaye de faire masser le message. Je n’ai été confronté au deuil périnatal de personne dans mon entourage mais je connais des gens qui l’ont été. Et juste de leur répondre quand il te demande ce qu’ils peuvent faire pour la personne qui se retrouve confronté à ce deuil, soit présente par un mot, un geste, ce sera déjà beaucoup.
    Je souhaite beaucoup de réussite à ton mari. C’est effectivement très courageux que de reprendre des études ou quelque chose que l’on a laissé des années après. Cela demande beaucoup de force (j’en parle d’ailleurs dans mon prochain article).
    J’espère que tu viendras nous raconter 🙂

    1. Urbanie

      C’est le message que j’essaie de faire passer: n’ayez pas peur d’être présent, même de façon un peu maladroite. Même si je comprends tout à fait que ce ne soit pas évident pour l’entourage.

  3. Beren

    Ça faisait longtemps que je n’avais pas lu une de tes notes. Très beau post. Comme d’habitude, je ne sais que dire face à ce genre de sujet, pas parce que je considère qu’il « faut passer à autre chose », mais parce que je suis incapable de savoir quelle douleur les gens qui perdent leur bébé peuvent traverser. Je suis juste dans l’incapacité de me mettre à leur place. Parfois, le silence des autres est probablement du à ça. Mais, j’en convient, la peur de parler de la mort me revient souvent à la figure, puisque je n’ai aucun problème pour en parler en général. Je parle un peu à tort et à travers, là, non ?

    1. Urbanie

      Oui, je pense aussi qu’il y’a beaucoup de gêne, et que du coup, les gens se disent que ne pas en parler du tout vaut mieux que de dire des « bêtises ».

  4. Lili

    Merci pour ce fantastique article Urbanie. Je vis la même situation que toi (sauf que je n’ai pas eu une petite princesse mais un petit prince George!). Et je pense pareil que toi. On nous dit de continuer de tourner la page, mais on est maman dès la première fois et on vit avec ce ressenti et ce vécu toute notre vie. On est maman de 2 petits bouts, un mort trop tôt et un génial! ET c’est assez marrant de voir comme nos proches et la société passent sous silence le premier..
    Anyways, good luck à ton mari! chez nous c’est moi qui vais tenter de rajouter une partie étudiante à mes journées (j’avais découvert que faire un DU pendant le congé mat ce n’était pas aussi easy que je pensais..)

    1. Urbanie

      Merci à toi Lili!
      Oui, je me considère aussi maman de deux bébés, même si ce n’est pas évident à dire.
      Tu as repris tes études aussi?

      1. Lili

        je vais faire un DU de biostats à la rentrée prochaine.
        au départ je devais le faire pendant mon congé mat et les premiers mois de mon tit loup. Appelons ça un voeu pieux….parce que : 1) je déteste les stats (c’est pas pour rien que je suis biologiste….) et 2) je m’étais dit que ce serait easy. J’aurais le temps pendant la fin de ma grossesse et les premiers mois de mon prince de bosser les cours. Trop facile…
        ca c’était la théorie qui n’a pas tenu le choc de la confrontation à la réalité. Résultat des courses: ai bossé seule un cours et heu voilà! Donc je m’y replonge bientot

      2. Marjorie

        Nous n’avons pas a nous ‘considerer’ maman de deux enfants lorsqu’un des bebes est mort. Nous SOMMES mamans de deux enfants. Et fieres de l’etre 🙂

  5. Eva

    Je n’avais jamais été confrontée au deuil périnatal (ou alors je ne le savais pas) et j’ai trouvé tes articles très importants en terme « d’éducation ».
    Pas toujours facile de savoir comment réagir, s’il faut en parler ou pas, d’éviter les gaffes ou les poncifs…Parfois en voulant bien faire on tombe complètement à côté, ou on sort une énormité qui peut blesser.
    Donc merci pour tes billets qui ont le mérite de mettre les points sur les i et de recadrer les choses.

    Félicitations pour le MBA de ton mari ! ce n’est jamais évident de se remettre en question et de recommencer à étudier quand on travaille déjà depuis quelques années (et a fortiori quand on a une famille) Bravo, et à bientôt pour de nouvelles aventures 🙂

    1. Urbanie

      Merci Eva!
      Les gens font bien sur des gaffes, mais j’ai toujours préféré une gaffe bienveillante à un silence total… mais c’est très personnel comme ressenti, je le reconnais.

  6. Lutine

    Je crois que les gens veulent que ça reste caché, que vous « passiez à autre chose », parce qu’ils ont peur, peur de la mort.
    Comme tu le dis si bien, la mort d’un parent, c’est triste, mais c’est dans l’ordre des choses. Ça ne chamboule pas tous les codes. La mort d’un enfant en revanche, c’est une autre paire de manche. C’est ce qui crée ce malaise. Et bien souvent quand il y a malaise, « on » préfère balayer le sujet et faire comme si de rien n’était, plutôt que de se pencher dessus.
    C’est valable avec le deuil périnatal… Comme avec tout plein de choses. 🙂

    Merci pour ce texte si vrai, qui aborde un sujet difficile, mais dans lequel je perçois une immense douceur. ♥

    1. Urbanie

      Je partage ton point de vue, j’ai ressenti beaucoup de gêne, certes, mais aussi beaucoup de peur chez les gens quand tout ceci nous est arrivé. Le malheur fait perdre façon générale, comme si cela pouvait être contagieux. C’est irrationnel, mais beaucoup de gens semblent penser ça.

  7. Mme Ebène

    Ma maman a vécu un deuil néonatal (enfant né vivant mais décédé quelques jours après) et même si on avait fêté sa naissance, et qu’il a eu un enterrement digne de ce nom on en parlais jamais. Et pourtant c’était le seul garçon de la fratrie, mais jamais je n’ai entendu ma mère parler de lui. Maintenant que je réalise un peu plus le traumatisme que c’est, je ne comprends pas comment ma maman a fait pour le passer sous silence. Du coup on a tous fini par faire comme si il n’avait jamais existé mais c’est bien sûr facile pour moi, je ne l’ai pas porté et je l’ai à peine connu. Tu as raison de ne pas brader la mort de ta première princesse, c’est une personne à part entière qui ne pourra jamais être remplacée ni oubliée. Tu es super courageuse de pouvoir faire la part des choses et Kate et sa grande soeur ont de la chance d’avoir une maman si forte! Merci d’être si patiente et de prendre le temps de nous éduquer. Je ne peux que t’encourager et t’envoyer plein d’ondes positives. Bon courage pour la vie de famille avec un étudiant 🙂

    1. Urbanie

      C’est très difficile, et sans doute trop douloureux pour certains parents d’aborder le sujet. En fait, le bébé qui est parti trop tôt n’a pas eu le temps « d’exister » (je mets de gros guillemets), et donc parler de lui est très compliqué. Et puis je vais t’avouer un truc: même moi qui écris souvent sur le sujet, je ne sais pas quoi dire quand j’en parle parce que j’ai peur d’ajouter de la gêne au silence déjà pesant… c’est sans fin, je sais!

      1. Mme Ebène

        Oui une vrai épée à double tranchant! Mais comme tu le dis bien ça n’engage à rien de demander comment ça va et d’attendre la réponse.

  8. Louna

    Oh la la, encore un post magnifique, plein de douceur et de tendresse pour ta fille partie trop tôt.

    Je me sens toujours illégitime pour parler de ces sujets, puisque je fais partie des gens qui ont la trouille, comme tu dis, de ces gens que le deuil a épargné, jusqu’à présent, et qui ont la trouille de regarder la vie en face. Du coup, souvent, je ne sais pas quoi dire, dans ce genre de situation. J’essaie d’être attentive, à l’écoute, mais je n’ai pas grand chose de plus à apporter.

    Depuis que je te côtoie (bon, ok, pas en vrai de vrai, mais quand même, je trouve que ça compte !), je te trouve immensément courageuse et inspirante. Si jamais le malheur me frappe un jour, et a fortiori un malheur comme le tien, un malheur qui n’est pas dans « l’ordre des choses » comme tu le dis, j’espère avoir le courage de réagir avec cette grandeur dont tu nous montres le plus bel exemple.

    Tes filles ont bien de la chance d’avoir une maman comme toi.

    1. Urbanie

      Je crois qu’on est tous capables de développer des trésors de ressources inconnues jusqu’alors quand on est frappés par un drame… et puis je dis souvent que je ne suis pas très courageuse, parce qu’en vrai j’aurais préféré ne jamais vivre ça, et que si je pouvais tout effacer, je le ferais. Mais j’essaie juste de donner un sens, comme énormément d’autres parents dans mon cas.

  9. Amélie Tamarin

    Bravo pour ce bel article, très touchant. Tes articles sur le deuil périnatal m’ont beaucoup fait évoluer sur la question : j’ai dépassé peurs et tabou, et aujourd’hui j’ai quitté « le clan de Nathalie Péchalat » (à qui tu avais « répondu »), dont j’avais alors trouvé la réaction plutôt légitime. Mais ça, c’était avant, comme dirait l’autre.
    Pour autant, je trouve encore très compliqué d’aller vers les parents qui traversent cette épreuve : j’ai peur d’aborder un sujet qu’ils pourraient ne pas avoir envie de ressasser. Comment trouver le juste équilibre ?! Du coup, lorsqu’un de mes collègues (dont je ne suis pas proche) est revenu de congé après que sa femme ait perdu leur bébé à 6 mois de grossesse, je n’ai rien trouvé d’autre à faire que… de l’entourer de mes bras en lui faisant la bise habituelle du matin. Et rien par la suite.
    Je me souviens d’une blogueuse qui était ulcérée qu’on ne prenne pas en compte ses deux bébés morts-nés lorsqu’arrivait la fêtes des mères. OK, je ne renie pas l’enfant de mon collègue, mais il me paraîtrait extrêmement violent de lui sortir : « Bon week-end, et bonne fête des pères ! »
    Bref, même si je suis totalement d’accord avec tes propos, je suis encore vraiment perplexe sur les comportements à adopter, et je suppose que cela dépend en majorité des parents (leur manière de gérer le deuil, et le lien qu’on a avec eux).

    1. Urbanie

      Une de mes collègues ne m’a jamais rien dit lorsque j’ai perdu mon bébé, quand je suis revenue au travail; et puis quand j’ai annoncé ma seconde grossesse, elle m’a simplement serrée très fort dans ses bras, et c’est là que j’ai compris qu’elle avait été très touchée, et que c’était sa façon à elle de me le dire. Pas besoin d’en rajouter ensuite. Je suis sure que ton collègue a été extrêmement touché par ton geste. <3

  10. Merci pour ce très bel et très juste article, Urbanie…
    C’est tout à fait cela, un deuil, comme les autres, avec ses spécificités (mais chaque deuil, et même chaque être humain, a ses spécificités…).
    Je trouve très beau que nos deuils nous invitent à plus d’humanité, que notre douleur puisse, si on accepte de la recevoir et de la vivre, nous ouvrir aux douleurs que les autres vivent, de leur côté….
    Je me permets de partager ton article sur mes pages FB.
    Tes enfants ont de la chance d’avoir une maman telle que toi, dont il me semble qu’elle tente d’avancer tranquillement sur un chemin de « belle personne ».
    Une douce route à toi…

    1. Urbanie

      Merci Claire! <3

  11. Annelise

    Merci Beaucoup pour cet article. Vous avez traduit avec des mots mon ressenti.
    Je viens d’avoir récemment un petit garçon. Il a deux grands frères qui sont nés sans vie. Ce petit Prince ne les remplace pas, il m’apporte beaucoup de Bonheur mais n’efface pas le manque de mes aînés.
    La vie est ainsi, faut accepter la mort de nos enfants même si ce n’est pas l’ordre logique de la Vie. Ce deuil si douloureux faut en parler, parler de ces bébés que l’on a senti bouger en nous, pour ma part j’avais créer une complicité avec eux. Alors pourquoi aurais je le droit de parler de mon grand-père défunt et pas de mes petits anges??? Je vous souhaite beaucoup de douceur avec votre puce tout en lui parlant de sa grande soeur.

    1. Urbanie

      C’est en effet absurde de pouvoir parler de votre grand§père, mais pas de vos deux bébés, je comprends tellement… Beaucoup de courage à vous aussi, et merci pour votre gentil commentaire. <3

  12. Quel post. Je m’interroge sur le fait que tu dises que les gens peuvent comprendre. Je n’ai pas connu le deuil périnatal, et je n’ai pas l’impression d’avoir la capacité à ressentir « réellement » ce que des parents qui traversent cette épreuve peuvent endurer. Mon fils est atteint d’une maladie rare, et j’ai beau en parler parfois autour de moi, j’ai le sentiment que personne ne peut réellement comprendre, à part ceux qui vivent des situations similaires… Ce que tu dis sur la peur m’interpelle donc beaucoup, et me fait reconsidérer pas mal de choses…

    1. Urbanie

      Je pense qu’on ne peut pas se mettre à la place, mais que l’on peut comprendre, au moins dans une certaine mesure. Par exemple, on peut comprendre que le parent souffre, même si on ne peut pas ressentir sa souffrance. C’est bien le malaise du deuil périnatal: certaines personnes pensent qu’on ne peut pas souffrir puisque le bébé n’est pas né vivant. C’est sur ce point là que j’essaie de sensibiliser, et d’éduquer les gens.
      Sur la maladie, c’est un peu la même chose: je ne peux pas vivre ce que tu vis, mais je peux comprendre (ou essayer de comprendre) que ta vie doit être une succession de beaux moments, et d’angoisses terribles. Je serais sans doute très maladroite si on se parlait je ne dis pas le contraire, hein, et je ne pourrais pas ressentir ce que tu ressens, bien évidemment. Et du coup je t’envoie plein de câlins <3

  13. Jojoe

    Mamange également, je comprends et partage tes sentiments. Magnifique article, si profond et sincère. C’est beau, tout est dit. Merci. La vie continue, c’est comme une cicatrice, qui s’efface avec le temps, mais elle sera toujours là pour nous rappeler cette douleur et ce vide qui ne sera jamais comblé par un autre enfant. Même si l’arrivée de notre puce nous comble chaque jour de notre vie depuis sa naissance, nous n’oublions pas sa grande sœur parmi les étoiles.

    1. Urbanie

      Merci Jojoe <3

  14. Etoile

    J’ai du mal à dire ce que je ressens en lisant ton article. En fait, il est très joli, et très vrai, mais il me rend triste et me fait penser à ma maman. Je t’ai déjà dit que ma mère a perdu un bébé au même moment que toi environ. Ma grande soeur avait déjà son prénom. Je pense parfois à cette soeur ainée que je n’ai pas connu, et je me demande en fait si elle veille sur nous quelque part ? Ma maman en parle très peu, et je n’ai jamais entendu mon père en parler (ou du moins, il évite le sujet, car je pense que cela le rend triste). Je ne crois pas que ce soit tabou ou l’envie de passer à autre chose pour mes parents. Cela fait juste partie de leur vie très « personnelle », et je sais qu’elle est quelque part dans leur coeur.

  15. Celine

    Çomme çe texte ést magnifique , touchant et vrais … Moi aussi j’ai plus d enfants que ceux que Les gens voient ..bb4 et bb5 sont des bébés etoiles … A l arriver dè bb6 les regards les paroles sont dure ! Au mieux ils oublient mes bébés éternelles …merci ! Un merci immense pour se partage ! Douçes pensees a toys nos añges

  16. Christophe

    Bisou bisou à toute la famille!

  17. Lili

    Évidemment, cela laisse des séquelles. Mes parents l’a vécu deux ans avant ma naissance (en 1980 donc tu vois…) et le silence était d’or sauf que l’enfant absent a toujours plané au-dessus de la famille. Je savais qu’un enfant était né puisqu’il existe une tombe. Les mots n’étant pas mis sur tout cela ni sur le sens de ma vie, j’ai dépensé une fortune en psy une fois adulte. Donc je suis d’accord : il ne faut pas étouffer ce que l’on a à dire !

  18. Elfée

    Je trouve ton article magnifique. A la fois juste sans être dur, et tu fais preuve d’une incroyable compréhension face à ceux qui n’en n’ont pas pour toi!
    Une de mes amies à vécut ce deuil il y a un an jour pour jour. C’était difficile pour moi de l’accompagner car meme lorsque je suis concernée directement j’exprime peu mes sentiments. Ca m’a poussé à réfléchir justement à ce que je ressentais par rapport à ce deuil, et je me suis rendue compte que je correspondait à ces personnes qui ont peur du décès, de la souffrance associée.
    J’ai trouvé mon équilibre entre être présente pour elle et mes propres limites. Des messages, des mails, parfois juste une jolie photo pour lui changer les idées, et lui dire que j’étais là si elle avait besoin, juste écouter quand elle en avait besoin.
    En tous cas bon courage, pour ce deuil, ton travail auprès des gens comme moi, ta nouvelle vie de maman, ta nouvelle vie de conjointe d’étudiant (j’ai connu, ca à ses bons et ses mauvais côtés!)

    1. Urbanie

      Je trouve ça incroyable que tu aies réussi à prendre ce recul, il faut une sacrée dose de lucidité, et c’est plutôt rare! Ton amie a beaucoup de chance de t’avoir auprès d’elle. <3

  19. Laura

    Tres belle article c ma cousine qui ma di de le lire elle a bien eu raison. Je voi ma vie dans se que tu raconte malgrès mes 23 ans j ai aussi perdu ma mere jeune trop tot comme tou le monde di je me suis retrouver a elever ma soeur a l’epoque elle avai que 8 ans se qui est petit.
    Affonter sa c difficil mais on se di que c la vie faut avancer et mtn j ai perdu ma fille en janvier je comprend pas se qui c passer et c fini je ne comprend pas toujours pas tou le monde te fui te parle de moins en moins comme si c ete contagieux … et je me trouve debil pour la fete des mamie dimanche dernier j ai penser a ma mere en me disant qu elle ete ensemble mais avancer est de plus en plus dur. Sa fai du bien de lire des articles comme le tien on se sens moins seul.

    1. Urbanie

      Câlins du coup, tu en as grand besoin <3

  20. Bou

    Merci pour ce bel article, comme beaucoup de monde, j’ai partagé… Je vis dans une région assez « pauvre » en ressources sur cette situation, et pour l’avoir moi-même vécue, je pense sérieusement à organiser dans ma contrée un relais d’une association nationale de soutien.

    1. Urbanie

      C’est une merveilleuse idée, je suis certaine que cela aiderait beaucoup de femmes isolées! <3

  21. sisco

    Merci pour cet article, pour ces mots sur cette douleur.
    Je viens tout juste de perdre mon fils, mon premier enfant. C’est dur, mais quand je lis de tels articles, cela m’encourage : ma peine sera toujours présente, mais je vais apprendre à vivre avec. Et surtout, je ne l’oublierais pas, et j’en parlerais toujours.

    J’espère, suite à tout cela, pouvoir agrandir ma famille, comme toi 🙂

    Bon courage pour la suite! Et tous mes encouragements pour l’étudiant ^^ Effectivement c’est super courageux, mais la vie continue 🙂

  22. Valérie

    Bonjour,
    Je découvre ton blog par cet article. Qu’il est bon de pouvoir lire des mots qu’on aurait pu écrire soi-même.
    5 ans que la Charlotte nous a quitté avant même de nous rejoindre…c’est un deuil particulier qui est rendu plus douloureux par les autres… difficile d’en parler sans passer pour une dépressive et ce même avec le sourire….car ma première fille nous a permis également de nous renouveler.
    Quand je pense que personne n’a été se recueillir sur sa tombe alors que ce serait impensable pour le moindre décès. ..
    Longue et belle vie à votre famille.

  23. Marjorie

    Ohlala! Mais c’est EXACTEMENT ca! (je vais essayer de te contacter en prive)
    Tout ce que tu ecris, c’est pareil pour moi et pour la maniere dont je vis mon deuil et parle de mon fils (mort-ne)

  24. lily

    Merci pour ce bel article, si juste. Après deux grossesses à hauts risques qui nous ont offert deux merveilleux enfants, nous avons enchaîné une grossesse arrêtée et la mort de notre bébé à 4 mois de grossesse. Et nous avons tout entendu jusqu’à « ce n’est qu’une autre fausse couche, pourquoi en faire toute une histoire? » Le silence est total et le dialogue est impossible avec une bonne partie de notre famille et de nos amis. On a beau se battre pour continuer et être présents pour nos deux aînés qui ont besoin de nous et sont notre raison de continuer, la douleur reste et cette négation de notre deuil est pour moi insupportable. J’ai rompu avec beaucoup de gens, mis des distance avec de la famille face à ces réactions si violentes et qui enferment dans la douleur. Je ne peux que remercier les gens qui, comme toi, le brise ce silence infernal avec des mots si justes.

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