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Le grand rassemblement

Je ne suis pas allée manifester aujourd’hui. De façon très stupide, parce que je suis malade comme un chien, clouée au fond de mon lit. Vaincue par la grippe. Je ne vous cache pas que, jusqu’au dernier moment, j’ai voulu me lever et partir marcher avec mon mari (mais la raison et, surtout, de gros vertiges, m’ont vite ramenée sous ma couette).

Je regarde donc, du fond de mon canapé et grâce à itélé, la foule réunie place de la république. Dire que je suis dégoutée de ne pas être présente dans la foule en ces heures sombres qui ont touchées notre pays est un euphémisme.

Je dois également me faire violence pour ne pas réagir aux commentaires parfois abjects, parfois violents, parfois tout simplement stupides, qui fleurissent sur les réseaux sociaux. L’heure n’est ni à l’individualisme, ni à une quelconque tentative de montrer sa différence, son envie d’être « plus intellectuel que les autres », ou son appartenance  à une communauté . L’heure est au rassemblement républicain contre la terreur, contre l’obscurantisme, et faire le jeu de cet obscurantisme en déclarant « je ne suis pas Charlie parce que… » me donne juste envie de crier à la bêtise la plus primaire. J’aime à croire que nous sommes capables de nous rassembler, même l’espace de quelques heures, pour la plus belle et la plus noble des causes: la paix.

Nous avons réussi, en conjuguant les efforts de plusieurs dizaines de personnes, à faire fermer une page sur Facebook qui appelait à la haine et qui soutenait les attentats (même si cela n’a pas toujours été évident, Facebook ayant une politique en matière de modération qui me laisse pour le moins perplexe. C’est limite si je n’ai pas été tentée à un moment de mettre une photo de « L’origine du Monde » sur le profil en question pour titiller leurs modérateurs une bonne fois pour toute) (si vous n’êtes pas au courant, ce superbe tableau est censuré sur Facebook. Sisi.)

Bref, ce blog n’est pas la pour parler de politique, et si je sens que les commentaires partent en cacahouète je n’hésiterai pas à les fermer (mais sentez-vous libres de débattre avec respect et sans hargne).

J’ai comme une légère gueule de bois au lendemain de ces jours de terreur. J’ai été littéralement incapable de décrocher des chaines d’infos pendant plusieurs jours. Encore maintenant, je n’ose plus éteindre la télévision, comme si j’avais sans cesse besoin qu’on me rappelle que ce qui s’est passé ces derniers jours est bel et bien réel, et non un mauvais film qui tournerait en boucle.

En cas de deuil, la toute première phase que traversent les survivants est le déni. J’ai l’impression d’être encore dans ce déni. J’ai l’impression que, lorsque je me réveillerai demain, tout ceci n’aura été qu’un affreux cauchemar. Que la haine de l’autre ne peut pas toucher notre pays, pas comme ça.

Heureusement, le superbe sursaut républicain auquel j’assiste depuis mon canapé me donne envie de croire en la nature humaine. Je ne suis peut-être pas présente physiquement, mais je suis présente par la pensée avec cette foule qui se lève pour dire non. Avec ce grand rassemblement républicain, uni contre le terrorisme.

Je ne lisais pas Charlie Hebdo, je ne suis pas juive, je ne suis pas musulmane, je ne suis pas policière. Mais honnêtement, on s’en fiche, non? Je suis une citoyenne française. Aujourd’hui, je suis donc nécessairement et fondamentalement Charlie.

(J’ai pris la photo sur le site de Libération)

Cet article a 2 commentaires

  1. Eva

    joli billet, dans lequel je me retrouve tout à fait. Et d’accord avec toi sur le fait que la politique de modération de FB est particulière, ayant échoué à faire fermer des pages qui font l’apologie du terrorisme et qui sont de vrais appels à la haine et à la violence…mais « qui ne violent pas la charte d’utilisation de FB »…

  2. Natou

    T’es bel article même si je ne comprend pas trop pourquoi on n’aurait pas le droit de ne pas être Charlie…
    Selon moi, on peut œuvrer pour la même noble cause qu’est la paix et condamner les meurtres sans se revendiquer Charlie. Pour ma part je ne le suis pas car je prend cette phrase au sens premier à savoir je suis le journal qui a blessé plus d’un milliard de personnes entre autres… Voilà pour ma petite contribution en espérant que tu comprendras ma position.

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